« Sur les cendres en avant » n’est ni une opérette, ni une comédie musicale et même si le spectacle est exclusivement constitué de dialogues chantés, il reste une pièce de théâtre.
Les quatre comédiennes-chanteuses qui interprètent des personnages de femmes contrastés sont accompagnées par une pianiste dans un décor à demi calciné : ce qu’il reste de l’appartement de mademoiselle Rose après qu’il a été en partie détruit par un incendie.
La cloison qui séparait celui-ci de celui de Macha et de sa fille ayant été abattue, les trois femmes sont contraintes de cohabiter. Une situation qui n’est pas sans entraîner conflits et malentendus et qui empêche Macha, prostituée par nécessité, de recevoir librement ses clients comme elle avait coutume de le faire.
Les choses se compliqueront encore un peu plus quand une quatrième femme défonce la porte d’entrée. Celle-ci a décidé d’abattre Macha qu’elle soupçonne d’avoir un jour attiré son mari dans les filets de ses charmes.
Au lieu de s’engluer dans un conflit qui n’apportera rien, mademoiselle Rose convainc les trois autres de taire les rancœurs et, plutôt que de se déchirer, de réunir leurs talents et de créer un cabaret qui les sortira des ruines, les amènera à vivre libres et à rompre avec l’idée de rencontrer l’homme providentiel.
Même si on ne peut oublier, tout au long du spectacle, que Pierre Notte (un grand amateur de chansons) rend ici hommage aux musiques de Michel Legrand et au choix artistique d’un Jacques Demy, « Sur les cendres en avant » ne ressemble en rien à ce qu’on a pu voir de proche sur un plateau de théâtre
Le prétexte narratif est original et les situations déjantées sont relayées par le jeu inventif et malicieux de quatre comédiennes dont l’énergie fait plaisir à voir et qui se montrent aussi talentueuses dans le chant, le jeu dramatique, que dans les moments chorégraphiés « bon enfant ».
Pierre Notte, en écrivant les textes, les musiques, en réglant une mise en scène joyeuse, a su rester dans des limites modestes, préférant à une démonstration artistique ambitieuse la bonne humeur, la dérision, le décalage et le plaisir de partager avec le spectateur, à partir de situations cocasses, parfois audacieuses, le charme de dialogues chantés d’une belle inspiration.
La pièce est émouvante ou drôle « par surprise ». Si elle aborde le sujet grave du rapprochement possible de plusieurs solitudes égarées dans leurs désastres respectifs, elle sait, avec des ruptures de ton, un simple mot parfois (un fameux épluche-légumes qui revient sans cesse et au moment le plus inattendu) rompre le fil dramatique et rappeler que, déchargée du poids du moindre message, ce qui nous est donné à voir est un total divertissement, que la vraie poésie est dans le langage le plus quotidien.
La musique enjolive les situations et tout s’achemine vers la survie et le salut. Chacun sort plus vivant que vivant de son désastre…
Place aux chansons, à la danse, aux mouvements joyeux
Le public applaudit à tout rompre et tout le monde sort de ces « cendres en avant » joyeux, ragaillardi.
Francis Dubois
Théâtre du Rond-Point 2, bis avenue Franklin Roosevelt 75 008 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative 01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr
“”
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu