Le 4 juin 1944 Churchill convoque De Gaulle à son Quartier Général de Londres pour lui annoncer le débarquement imminent des troupes alliées en Normandie. De Gaulle a été écarté par les Américains et les Britanniques de la plus grosse opération militaire de la guerre, qui doit signer la victoire définitive, alors même qu’elle va se dérouler sur les côtes françaises. De Gaulle est furieux. Il veut que la France libre voie sa place reconnue et pense au rôle qu’il entend faire jouer à la France une fois la paix revenue. Churchill s’aligne sur les positions américaines et se méfie de ce trouble-fête. Un face à face orageux s’engage entre les deux hommes au bord de la rupture.

Théâtre : Meilleurs alliés
Théâtre : Meilleurs alliés

La pièce d’Hervé Bentégeat se place entre le 4 et le 6 juin 1944. Elle fait la part belle à l’opposition de ces deux monstres politiques. Churchill trouve De Gaulle sinistre, le qualifie de « grand dindon » guindé, susceptible, arrogant et ne se prive pas de lui rappeler ce qu’il doit à l’Angleterre sans qui il n’aurait pu organiser la Résistance. De Gaulle résiste aux attaques de « son allié », n’hésite pas à lui dire qu’il boit trop et qu’il se met dangereusement à la remorque des Américains. Il croit toujours en la grandeur de la France, même si les circonstances ne se prêtent guère à parler de sa grandeur. Deux visions de l’après-guerre les opposent, De Gaulle se méfiant de l’emprise américaine et mettant toutes ses espérances dans le poids d’une Europe en paix, tandis que Churchill affirme son attachement aux États-Unis. Le texte fait la part belle aux traits d’esprit car ces deux-là n’en manquaient pas.

Dans la mise en scène de Jean-Claude Idée les deux protagonistes sont d’abord côte à côte pour un duel direct. Ensuite chacun est installé à son bureau de part et d’autre de la scène et la diplomatie entre en scène avec Anthony Eden calmant Churchill et faisant avancer les choses tandis que côté français, c’est Pierre Viénot, l’ambassadeur de la France libre à Londres, qui entend les doutes de De Gaulle et cherche un compromis. En fond de scène la vidéo fait passer la vision des avions qui survolent l’Angleterre, la pluie qui menace le débarquement prévu et le début des opérations avec les soldats anxieux sur les barges surchargées.

Face à Michel de Warzée campant un Churchill, petit gros sanguin, cigare à la bouche et verre de whisky à la main, Pascal Racan prête sa silhouette de grand maigre guindé à De Gaulle. Tous deux deviennent le double de leur personnage, Michel de Warzée forçant l’accent britannique et Pascal Racan adoptant non seulement le ton de De Gaulle, sa prononciation à la française de tous les anglicismes, mais aussi les gestes, le mouvement des mains quand il s’agace. Tous deux traduisent bien l’agacement et l’exaspération que De Gaulle et Churchill éprouvaient l’un pour l’autre mais aussi une forme d’estime et de reconnaissance de la grandeur de l’autre. Leur prestation est tout à fait fascinante.

Micheline Rousselet

Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 19h, jeudi à 18h30, matinée samedi à 16h

Petit Montparnasse

31 rue de la Gaîté, 75014 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 22 77 74


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