théâtre : le rêve d'un homme ridicule

« Je suis un homme ridicule. Maintenant ils disent que je suis fou. » C’est ce que déclare le héros de ce conte fantastique de Dostoïevski. Bien décidé à se suicider, il rencontre, un soir sur son chemin, une petite fille misérable qui lui demande de l’aide. Il la repousse, rentre chez lui et s’endort dans son fauteuil où il se met à rêver qu’il découvre une autre terre, une terre où les hommes sont bons, aiment la nature et les animaux, vivent libres et heureux. Dans cette courte nouvelle écrite en 1877, entre L’idiot et son œuvre ultime Les frères Karamazov , on retrouve certains des questionnements qui hantent l’écrivain : l’homme est-il fondamentalement mauvais, la rédemption est-elle possible, quelle est la place de Dieu ?

théâtre : le rêve d'un homme ridicule
théâtre : le rêve d’un homme ridicule

Mis en scène par Olivier Ythier, dans un décor sombre où l’espace est seulement occupé par un banc, Jean-Paul Sermadiras est le narrateur. Vêtu d’un pardessus, aussi sombre que le décor, il s’adresse à nous directement. D’une voix douce il nous conte son rêve, la terre qu’il y découvre où la souffrance, la jalousie, les rivalités sont absentes, où les hommes savent ce qui leur est nécessaire et sont dans une union intime avec l’univers. Brusquement son ton change. Des tambours résonnent, des éclairs de lumière zèbrent l’espace, l’homme dessine sur son visage des peintures de guerre avant de le barbouiller entièrement de blanc. Il hurle « Je les ai tous corrompus … je leur ai menti » Dès lors ces hommes vont connaître la méchanceté, le mensonge, la jalousie, la luxure, se battre et maltraiter les animaux. Ils parleront des langues différentes et pratiqueront des religions différentes. Ils invoqueront la science censée leur apporter la sagesse, parleront de fraternité et de justice et inventeront la peine de mort. L’acteur se dévêt, s’assied devant une bougie comme devant un feu qui le réchaufferait dans ce chaos glacé qu’il a créé, avant de revenir au calme du matin, du réveil où il proclame « Je ne veux pas croire que le mal soit le chemin des hommes »

Une belle occasion de découvrir cette nouvelle empreinte d’une atmosphère mystérieuse, qui nous parle d’une utopie perdue, un texte dérangeant.

Micheline Rousselet

Le lundi à 19h, le dimanche à 15h

Théâtre de Poche Montparnasse

75 boulevard du Montparnasse, 75006 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 45 44 50 60 67

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