Après avoir fait croire pendant des années à tous et à ses plus proches qu’il était médecin et qu’il travaillait dans la recherche, Jean-Claude Romand qui passait ses journées à ne rien faire, assis dans sa voiture ou à marcher dans les bois, au moment où il s’est trouvé piégé par ses mensonges et par des escroqueries qui lui avaient permis de vivre dans le confort, a commis l’irréparable.

Il a abattu froidement sa femme, ses deux enfants ainsi que son père et sa mère.

Condamné à la prison à perpétuité, le mystère n’a toujours pas été levé sur cet homme paisible, qui s’était toujours en apparence, comporté en bon fils, bon père et bon époux…

Théâtre : l'adversaire
Théâtre : l’adversaire

L’écrivain Emmanuel Carrère qui avait eu une attirance pour cette histoire dès le début de l’affaire largement médiatisée, en a tiré un livre «  L’adversaire » qui a donné lieu à un film réalisé par Nicole Garcia avec Daniel Auteuil dans le rôle de Jean-Claude Romand. Laurent Cantet a fait, non plus inspiré du livre mais librement adapté du fait divers, «  L’emploi du temps  » avec Aurélien Recoing.

La mystérieuse histoire de cet homme aura intéressé Frédéric Cherboeuf et Vincent Berger, de la Compagnie «  La Part de l’Ombre « , qui en ont écrit une adaptation pour la scène.

La construction dramatique joue sur la recherche de différents points de vue.

Apparaissent tour à tour sur scène Emmanuel Carrère, chez lui en présence d’une épouse pianiste, qui relate les circonstances qui l’ont conduit à s’emparer du fait divers et à en faire un roman; et Jean-Claude Romand au cours du procès qui lui aura valu la peine de prison maximale.

L’écrivain dit toute sa fascination pour le mystère autour de cet homme, de ses agissements et de la présence aveugle à ses côtés de son épouse, de ses parents et de ses amis qui ne se sont jamais doutés de la supercherie, de sa capacité à ne rien faire.

Le déroulement du procès montre un homme qui épaissit le mystère autour de la supercherie et sur les crimes en ne fournissant aucune explication (« Le mystère c’est qu’il n’y a aucune explication ») mais qui se montre effondré par l’assassinat, de ses mains, de cinq êtres qui lui étaient particulièrement chers.

Le spectacle que met en scène Frédéric Cherboeuf n’apporte bien sûr aucun élément nouveau sur le fait divers ni sur la personnalité de Jean-Claude Romand.

La démarche maîtresse de la mise en scène porte sur l’élaboration du livre et sur la recherche de points de vue.

Il y a dans le travail de Frédéric Cherboeuf à la fois un souci de distanciation, de stylisation (un même décor pour figurer différents lieux) et de réalisme. Les apparitions de Vincent Berger interprétant à la fois un Emmanuel Carrère distant et un Jean-Claude Romand repentant résument la volonté du metteur en scène.

Une espèce de candeur dans la démarche maîtresse et dans l’équilibre fragile de la construction le conduit à des séquences parfois trop frontales – la tentative de strangulation sur la personne de cette amie qui lui avait confié la gestion de tous ses biens n’était sans doute pas utile et en tous cas sous cette forme – ou maladroites comme l’installation au premier rang de la salle des personnes assistant au procès.

Un livre, deux films, un grand tapage médiatique à l’époque…Il ne restait plus au fait divers que d’être porté sut un plateau de théâtre. Voilà qui est fait.

On aurait souhaité que la mise en scène soit plus inventive et que la construction, malgré le recours aux différents points de vue et quelques trouvailles, ne reste pas aussi linéaire…

Francis Dubois

Théâtre des Quartiers d’Ivry, Studio Casanova 69 avenue Danielle Casanova Ivry.

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) 01 43 90 11 11

www.theatre-quartiers-ivry.com


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