Dans la famille de François, on s’est toujours consacré au bois, aux arbres des forêts du Jura et à la scierie, entreprise familiale qui avait jusque-là été prospère mais qui connaît depuis quelques mois certaines difficultés. C’est François qui a pris le relais de gestion de la scierie avec sa femme Noémie, solide, efficace et entreprenante. Le couple uni et très complice depuis des années rêve à égalité d’avoir un enfant mais sans y parvenir malgré toutes les tentatives médicales.

Or un jour, François croise le chemin de Patricia, jeune femme mariée et mère de deux enfants qui est venue s’installer dans la région. Entre eux, c’est un coup de foudre immédiat qu’il vont avoir, en dépit du contexte, du mal à maîtriser. Ils deviennent amants clandestins et très vite Patricia se retrouve enceinte. Quand il apprend la nouvelle, François vacille, partagé entre l’amour pour Noémie, celui qu’il éprouve de plus en plus fort pour Patricia et son violent désir de paternité exacerbé par la nouvelle.

Raphaël Jacoulot avait envie d’écrire un film sur la quête de paternité. Lui-même fils d’agriculteurs, il a nourri son film de nombreux éléments personnels et l’a tourné dans sa région d’origine, la Franche-Comté et tout près du village où il a grandi. Le personnage de François a guidé l’écriture du scénario et a agi pour le réalisateur comme un véritable miroir.

François est un personnage complexe. Lui qui a toujours aimé les grands espaces, marcher dans la forêt, qui a un rapport intime avec les arbres a été d’une certaine façon domestiqué quand il s’est retrouvé chef d’entreprise, même si dans la réalité c’est sur les épaules de Noémie que repose en grande partie le fonctionnement de l’entreprise.

Jusque-là, il s’en était accommodé mais sa rencontre avec Patricia provoque un vrai déclic car très vite, il la reçoit comme une frustration qui sans doute révèle toutes les frustrations accumulées.

« L’enfant rêvé » épouse la trame du mélo avec des ressorts dramatiques souvent prévisibles, des opportunités scénaristiques, des facilités contrebalancées par une mise en scène solide et un casting des plus convaincants : Jalil Lespert, massif, monolithique mais qui laisse apparaître une fragilité et le poids d’un regret lointain, Louise Bourgoin écartelée entre son amour pour François, l’aventure et le sens de ses responsabilités. Mais le composition la plus forte est sans doute celle de Mélanie Doutey, silhouette gracile, un physique de victime mais qui révèle une vraie force, une caractère bien trempé.

Si Raphaël Jacoulot conduit sur la fin du récit peut-être parfois un peu trop loin le mélo, son film n’en contient pas moins force, intensité et volume.

Francis Dubois

« L’enfant rêvé » – Un film de Raphaël Jacoulot (France) – Sortie en salles le 7 octobre 2020.


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