La Compagnie théâtrale Les Filles de Simone après leur double succès avec C’est (un peu) compliqué d’être l’Origine du monde et Les secrets d’un gainage efficace, reviennent avec un nouveau spectacle Derrière le hublot se cache parfois du linge. Elles poursuivent dans leur volonté de créer un théâtre militant, féministe, outil de libération et d’égalité. Après avoir exploré le thème de la maternité puis les injonctions et les violences faites aux corps des femmes, elles interrogent les répercussions sur l’amour et le couple hétérosexuel des conceptions patriarcales transmises par la société, l’éducation mais aussi la littérature, le cinéma… Mona Chollet, dont elle s’inspire, dans Réinventer l’amour se demande d’ailleurs si on peut encore sauver le couple hétéro.
Leur démarche d’écriture est semblable à celle des autres créations. Les deux actrices, Thiphaine Gentilleau et Chloé Olivères et l’acteur, André Antébi ont partagé leurs vécus intimes sur le sujet et y ont ajouté des références littéraires, sociologiques et historiques mais aussi des références populaires de la chanson au cinéma en passant par le théâtre, la B.D ce qui donne un spectacle qui révèle ce qu’il y a de politique dans le familial .
Il commence par la fin sur une belle idée qui nous plonge dans l’ambiance : les lumières sont allumées dans la salle, les comédiennes et le comédien s’assoient en bord de scène pour répondre aux questions factices posées par le public sur la pièce qui vient de se terminer. Nous, spectateurs, dans un jeu de miroir, nous amusons à deviner les hypothétiques questions que nous pourrions poser, à voir les comédien.ne.s répondre d’avance aux critiques, remarques que leur spectacle pourrait susciter.
Vont s’enchaîner ensuite sur un rythme sans temps mort des saynètes mettant en scène les multiples situations de la vie quotidienne du couple : l’éternelle tasse qui traîne et qui cristallise les tensions, le linge qui n’est pas mis dans la machine à laver, les anniversaires amoureux oubliés, la double journée pour la femme qui rentre du travail et trouve son mari affalé sur le canapé, la femme qui ne vit que pour son mari et a fini par s’oublier, celle qui refuse de céder au désir de son mari , celle qui revendique le droit de crier, de pleurer… Toutes ces situations réalistes sont traitées avec fantaisie, humour et dérision par les deux comédiennes et le comédien qui changent sans cesse de rôles avec brio. Ils jouent à tour de rôle l’homme et la femme du couple. Mais on assiste aussi à une fausse émission de télévision dans le hublot de la machine à laver qui trône au centre de l’estrade, à une parodie d’Othello, à un clin d’œil à des scènes spatiales de cinéma, à un cours comique sur les rapports de domination hommes-femmes où les murs de la salle de bain deviennent tableau, aux jeux d’enfants avec le héros masculin tout en force et la Princesse qui attend le prince charmant…
Tout y est sur un rythme endiablé dans un décor foutraque aux éléments polyvalents qui sert à la fois de scène de la vie conjugale et de scène théâtrale : des cartons, des vêtements épars, un lampadaire, une plante factice et une énorme machine à laver avec des panneaux inspirés de l’esthétique de la bande dessinée, signés Emilie Roy à la scénographie.
Un spectacle enlevé qui nous concerne toutes et tous mené au rythme du tambour de la machine à laver quand vient le moment de l’essorage.
Frédérique Moujart
Du mardi 17 au samedi 21 janvier à 20h30 au Montfort Théâtre, 106 rue Brancion. Paris 15ème. Réservation : 01 56 08 33 88 01 56 08 33 88
Le 7 et 8 mars SARTROUVILLE (78) – Théâtre de Sartrouville Yvelines CDN / 11 mars LE KREMLIN-BICÊTRE (94) – ECAM – Espace Culturel André Malraux / 14 mars RIOM (63) – Le Rexy / 16 mars AMIENS (80) – Maison du Théâtre / 23 mars CAVAILLON (84) – La Garance – Scène nationale de Cavaillon / 24 mars CARROS (06) – Forum Jacques Prévert / 25 mars ISTRES (13) – Théâtre de l’Olivier / 28 mars LE VESINET (78) – Théâtre du Vésinet / 30 mars EAUBONNE (95) – L’Orange Bleue / 3 mai BOUGUENAIS (44) – Piano’cktail / 23, 24 et 25 mai NANCY (54) – Théâtre de La Manufacture CDN / juillet AVIGNON
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