La mémoire de ce temps se trouve ravivée par Xavier Boissel qui place ses personnages dans ce moment qui, politiquement, de transition. Pompidou avait déjà largement rompu les amarres avec les « services spéciaux » du gaullisme, le SAC – Service Action Civique, pas mal comme intitulé pour des basses œuvres – notamment. Il leur avait coupé les subventions. Il fallait bien qu’il trouve d’autres sources de financement en s’acoquinant avec les anciens de l’OAS – ils s’étaient pourtant combattus – et la pègre. L’hypothèse, crédible, formulée par l’auteur pour trouver de l’argent, le trafic de drogue.

« Sommeil de cendres » – le titre aurait pu être « un mort vivant revit » – se situe dans ce contexte. L’année se terminant par l’élection de Giscard avec le soutien de Chirac et des assassinats des responsables du SAC. Deux personnages animent l’intrigue qui part de l’assassinat d’un étudiant « maoïste » – en fait de VLR, Vive la Révolution, les maos dits « spontex » dans le langage de ce temps lointain – dont le cadavre portant des traces de torture est retrouvé par hasard.

Histoire d’un amour fou, « union du désespoir et de l’impossible » comme le définissait Maxwell, un poète anglais du 18e, unissant le policier chargé de l’enquête, Eperlan, mort-vivant rescapé de l’engagement français dans les troupes onusiennes en Corée en 1952 – épisode oublié – et Alexia Schwartz, jeune femme qui avait fait son service militaire en Israël au moment de la guerre des 6 jours. Elle est poursuivie par les barbouzes du SAC, de la pègre pour récupérer l’argent volé par son amant assassiné.

L’auteur émaille sa prose d’emprunts, de citations qui n’en sont pas, de quoi construire un jeu de pistes différentes de l’histoire qu’il raconte.

Les cendres sont multiples même si le sommeil est unique, les rallumer pourrait provoquer des feux d’artifice qui sortiraient les individus de leur torpeur et de leur mort.

Nicolas Béniès

« Sommeil de cendres », Xavier Boissel, 10/18


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