Constance Debré, lesbienne revendiquée, se raconte sous les traits de « Play Boy », titre qu’il faut prendre dans tous les sens – d’interdit à giratoire. Un « Play Boy » dans le langage courant est un beau mec qui « tombe » toutes les filles. C’est ce qu’elle fait aussi. Du coup, elle joue au garçon, play boy. Elle a oublié sa nature pour se marier avec un garçon et avoir un fils. Elle sait, comme écrivaine, par des images, sans appuyer, indiquer les réactions de rejet de son mari face à ses aventures qui s’affichent sur les réseaux sociaux, comme il se doit.
Elle ne laisse rien ignorer de ses difficultés, mais aussi de celles des autres qu’elle rencontre, pour s’assumer. Rien de facile dans notre société considérée pourtant comme permissive. Sans craindre de décrire ses émotions amoureuses et sexuelles tout en ne tombant jamais dans le graveleux. Le ton léger de cette avocate qui néglige son métier et se trouve aux abois, se transforme, au fur et à mesure de la lecture, pour atteindre le tragique de nos existences. La dépression est au bout de ce chemin. La dépression qui ouvre la voie à la lucidité, à la prise de conscience d’un monde qui ne sait que tracer des frontières, de définir les individus par tiroirs, et, par-là même de les exclure. Sommes-nous seulement juif, homosexuelle ? Seulement catégorisable par notre apparence, notre sexualité, notre histoire, nos racines ? Sommes-nous moins ou plus que ça ?
La littérature n’est pas absente. Des références multiples sont repérables aussitôt mises à distance par l’ironie, par le cocasse des situations. Le rire serait-il le propre de play boy ?
Nicolas Béniès .
« Play Boy », Constance Debré, 10/18
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