Comment retracer le Paris de l’Occupation ? Années de rationnement, de ratonnades et de déportation massive des Juifs et des Tsiganes ? Période aussi marquée par le succès de Django Reinhardt qui a échappé aux griffes du nazisme grâce à la fraternité du jazz comme celui du violoniste Michel Warlop. Moment aussi où la pègre se divise entre les collaborateurs qui forment la Milice avec, à sa tête, Henri Lafont et les autres devenus Résistants.
La vie de tous les jours échappent de temps en temps à la lourdeur de l’Occupation. Il faut bien continuer de travailler.
Jean-Pierre de Lucovich a choisi de mettre en scène un détective privé dans cette fin d’année 1941, Jérôme Dracéna ex policier et fils de flic, qui enquête sur des menaces de mort adressées à Arletty. Une porte d’entrée à la fois étrange et juste pour parler de cette époque étrange où les relations humaines apparaissent à l’envers ou enveloppées dans une ombre tellement immense qu’elle cache toute la lumière.
Arletty est amoureuse d’un officier allemand, Karl von Sperlich au passé sulfureux qu’elle ne connaît pas. C’est du moins l’hypothèse de l’auteur. On ne fréquente pas les milieux du cinéma plutôt ceux des lieux de plaisir de l’immédiat avant guerre.
« Occupe-toi d’Arletty », demande le père du jeune détective, permet de fréquenter le cabaret à la mode de ces années là, le « One Two Two » où chante Suzy Solidor – que peindra Lampicka -, pour entendre aussi Léo Marjane et découvrir les débuts de la future Martine Carole pour faire oublier ses liaisons dangereuses qui aurait pu lui faire perdre sa chevelure.
De Lucovich brosse ce monde interlope, barbare et cupide sans alourdir l’enquête de développements moralisateurs. Mais on a quand même l’impression que son détective privé à un peu trop tendance à s’accommoder de l’air du temps.
Nicolas Béniès.
« Occupe-toi d’Arletty », Jean-Pierre de Lucovich, 10/18, collection Grands Détectives.
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