La rentrée littéraire fait preuve d’un bel optimisme. 510 romans sont programmés, soit environ 30 de moins que la rentrée de l’an dernier. La COVID 19 ne gagnera pas ! Le message est clair.

A la manière de Soulages avec ses études sur les noirs, Colson Whitehead désormais écrivain reconnu et primé, poursuit ses investigations, à travers une sorte de docu-fiction, sur le racisme et ses conséquences dans la société américaine. « Nickel Boys », les enfants de Nickel Academy, terme de dérision pour une Maison de correction sise en Floride, est une description de cette Amérique des années 1960 qui fait d’un Noir un délinquant par définition, par nature. Elwood Curtis est un jeune homme qui part faire ses études à l’Université, pris en auto stop par un voleur de voitures. Noir, il est condamné à la maison de correction où se pratique la ségrégation, les délinquants noirs sont séparés des blancs, et la torture peut entraîner la mort. Le jeune homme en fera l’expérience.

Elwood se liera d’amitié avec Turner pour essayer de résister à l’environnement fait d’arbitraire et de sadisme. Par un retournement logique, Elwood ne fera plus qu’un avec son ami.

Roman : Nickel boys
Roman : Nickel boys

Les institutions répressives que décrit Whitehead ont réellement existé. Elles n’ont été fermées que tardivement, à la fin des années 1980. Les témoignages ont afflué montrant l’étendue de la barbarie et les destructions de vies à jamais marquées par le séjour dans ces « maisons » dites de redressement.

L’écriture transforme le récit individuel en expérience collective pour offrir une vision de la société américaine. Passée et présente. Les discours de Trump, racistes, affleurent. Le « c’était mieux avant » qui sert de leitmotiv à ce président se heurte à la réalité du passé. Colson Whitehead fait ainsi un travail de mémoire nécessaire. Il critique aussi, par petites touches, les discours de Martin Luther King trop entachés de la morale chrétienne. Tout en reconnaissant la force du Pasteur.

Un roman qui prendra possession de votre esprit, qui se lira d’une traite comme les meilleurs polars.

Nicolas Béniès.

« Nickel Boys », Colson Whitehead, traduit par Charles Recoursé, Albin Michel


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