« Mort contre la montre » permet de s’insinuer dans les coulisses d’une compétition vedette du cyclisme mondial, le tour de France, un calvaire, un chemin de croix pour tous les coureurs des leaders jusqu’au dernier du peloton. Jorge Zepeda Patterson met en scène un franco-colombien né à Medellin, d’un père militaire français et d’une mère colombienne – Marc Moreau – qui trouve son salut dans le cyclisme en devenant « gregario », celui qui se sacrifie pour faire gagner le leader. L’éternel oublié, celui qui ne portera jamais le maillot jaune.
Pour ce tour des incidents se multiplient : chute massive du peloton mais surtout des assassinats. Qui veut détruire les équipes adverses pour gagner ? L’ex-caporal Moreau est sollicité par la police pour mener l’enquête. A chaque étape, à partir de la septième, il fait le compte des suspects et du classement général, manière de maintenir l’intérêt et suivre la routine des coureurs, massage, repos, entraînement, fatigue et volonté de poursuivre.
L’astuce de l’auteur, est de transformer le cycliste en une marchandise manipulée dans tous les sens et par tout le personnel du tour. La fin est une manière de faire résonner la seule chose qui compte : gagner et gagner à tout prix. Personne ne peut en sortir indemne. La camaraderie existe, la solidarité aussi qui volent en éclat devant le trophée, le Graal, le maillot jaune. L’apparence d’une ode au sport se transforme en critique du sport de compétition par une simple phrase dans l’épilogue. En même temps, il rend hommage aux soutiers, à ceux qui représentent l’âme de ce tour de France, à leur rage, à leur colère, à leur envie de poser le pied sur le podium.
Nicolas Béniès
« Mort contre la montre », Jorge Zepeda Patterson, traduit par Claude Bleton, Babel Noir/Actes Sud
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