Ce seul nom suffit à susciter l’intérêt. Miles – ce n’est pas vraiment une familiarité plutôt une marque de respect – est le seul musicien de jazz qui jouit d’une aura digne des plus grandes stars de la pop music. Il faut reconnaître qu’il a tout fait pour. Son batteur du milieu des années 1960, Tony Williams, un révolutionnaire de cet instrument, voulait lui aussi accéder à ce même statut mais il lui manquait quelque chose, ce quelque chose, presque rien qui fait toute la différence et qui tient à la personnalité propre de chaque créateur.
Refaire une nouvelle fois le parcours de cette vie peut sembler superfétatoire, mais, chaque biographe sait apporter sa patte à ce mystère qui entoure, ceint ce prince des ténèbres, ce trompettiste créateur de mythes, poète du silence qu’il transforme en musique pourtant volontiers raciste malgré ou à cause de la prise de conscience que s’il avait été blanc tout aurait été plus simple mais pas forcément plus proche du génie.
Franck Médioni suit Miles Davis pas à pas pour le faire revivre, pour le retrouver. Biographie d’une icône, Miles continue d’inspirer les musicien-ne-s de jazz comme d’autres. Son cercueil sans nul doute est vide. Ses chefs d’œuvre, « Kind Of Blue » (1959) en particulier reste une influence majeure. Médioni insiste justement sur le quintet des années 1962-65, rencontre entre le père et ses disciples qui prennent, contre lui, son envol. Herbie Hancock, piano, Ron Carter, contrebasse et Tony Williams constitue un trio soudé qui tend des pièges au leader. L’adjonction de Wayne Shorter, au saxophone ténor construira un nouveau son comme le laisse entendre les albums Blue Note enregistrés par ce quartet.
L’écriture de Médioni se fait la plus en retrait possible pour laisser toute la place, comme il se doit à Miles Davis. Il est nécessaire d’écouter les albums pour appréhender la place de ce génie qui reste notre contemporain.
Nicolas Béniès
« Miles Davis », Franck Médioni, Folio/Biographies
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