Un thriller est une mécanique. « Les yeux fermés » – c’est curieux la référence à Kubrick qui se retrouve, « Eyes Wide Shut », film qui a marqué beaucoup d’auteurs – permet à Chris Bohjalian d’attirer l’attention sur le somnambulisme et la manière d’être mort-vivant, loup-garou. Le rêve et la réalité s’entremêlent. Certains n’en ont pas souvenir, tandis que d’autres conservent une vague sensation de ce qui s’est passé.
Il pose le problème dans un cadre réduit, ici une famille de quatre personnes, le père, la mère et deux filles – 21 et 12 ans, l’aînée est la narratrice – dans un petit village où les maisons sont espacées pour éviter toutes les interférences. La clé se trouve donc dans la famille elle-même. La mère, somnambule, a disparu. Que s’est-il passé ? Le mari était absent : il participait à un congrès, il n’est pas coupable et la narratrice dormait. L’enquête semble piétiner d’autant que l’enquêteur – lui aussi atteint de somnambulisme, décidément – tombe amoureux de la jeune femme et réciproquement.
La mise en exergue d’une citation de la poétesse Sylvie Path est une bonne entrée dans cette matière : « je suis terrifiée par cette noire entité qui sommeille en moi ».
Il faut aimer ces intrigues sans contexte social ni politique pour apprécier pleinement cette histoire.
Nicolas Béniès
« Les yeux fermés », de Chris Bohjalian, traduit par Caroline Nicolas, Le Cherche Midi
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