« L’eau rouge », publié l’an dernier, réussissait un tour de force, évoquer la guerre qui a déchiré l’ex-Yougoslavie sans jamais la mettre en scène, obscurcie qu’elle était par un drame familial : la disparition de Sylva, 17 ans, qui déchirera la famille et donnera au frère la possibilité de poursuivre le Graal, retrouver sa sœur. Il parcourt une partie du monde alors que son pays se déchire. Une quête sans fin qui se terminera par la découverte policière attendue et étrange tout à la fois. La découverte en France d’un auteur déjà reconnu dans son pays.

« La femme du deuxième étage », pour cette année, creuse un autre filon de la littérature policière, le thriller, l’étude de caractère, le portrait d’une femme empoisonneuse, en prison au moment où le fil de cette vie commence. Les personnages évoluent un peu trop en huis-clos. En dehors des deux appartements et la prison, l’auteur, là, donne l’impression que le reste du monde n’existe pas sauf dans le rejet de la condamnée et de sa famille, sa mère en l’occurrence qui fuit la ville de Split, décrite à deux moments dans ses changements et ses constantes. L’auteur veut donner cette sensation d’enfermement et c’est un peu trop réussi. Il arrive que l’ennui gagne à force de lassitude qui semble habiter Bruna empêchée de prendre son destin en mains. La pression de l’entourage est pesante et empêche tout développement personnel. La prison est ressentie comme une libération par son rythme régulier, prévisible.

Portrait d’une petite ville plus que d’une femme. Les voies de la libération ne sont qu’esquissées.

Nicolas Béniès

« L’eau rouge », « La femme du deuxième étage », Jurica Pavičić – traduit par Olivier Lannuzel, Éditions Agullo


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