Ariana Franklin – morte en 2011 à 78 ans – nous projette, par le biais de la traduction française des aventures de sa jeune « médecin légiste », Adelia Aguilar, dans le royaume de Henri II Plantagenet qui n’en finit pas de guerroyer pour préserver son unité. En 1176, au moment où commence la troisième aventure de cette jeune femme « qui fait parler les morts », il est au pays de Galles pour réduire la rébellion. Il a besoin de prouver que Arthur – celui des chevaliers de la table ronde – est bien mort pour éviter les superstitions qui alimentent les révoltes contre son pouvoir.
L’Abbaye de Glastonbury, associée à la légendaire Avalon du roi Arthur, vient de subir un incendie et on a retrouvé les cadavres d’un couple qui pourrait être Arthur et la reine Guenièvre. De nouveau, Adelia est sollicitée par Henri pour émettre une hypothèse sur l’identité du couple. Elle est en compagnie de son fidèle Maure qui fait semblant, pour éviter les accusations de « sorcière », d’être le médecin et elle retrouve, comme à chaque fois, le père de sa fille, l’évêque Rowley. Il lui faudra découvrir « Le secret des tombes » et on verra que le pluriel s’impose.
L’enquête sera forte de rebondissements qui auront permis d’entendre le « petit peuple » affamé par l’incendie et les hausses de prix des denrées alimentaires. Les braconniers sont durement châtiés. Ils sont pendus et leurs corps pourrissent au bout des arbres comme des fruits immangeables.
La thèse défendue par l’auteure est une réhabilitation d’Henri II, assassin de Thomas Beckett auteur de « L’utopie » qui ne voulait pas choisir entre sa foi et le roi. Henri II, suivant Ariana Franklin, aurait pacifié son royaume, créer des tribunaux populaires – le jury de citoyens – et mis fin au « jugement de Dieu » qui servaient à régler les conflits juridiques. Cette figure du roi ne gêne en rien l’intrigue mais en est un des ressorts. Elle diffuse de la compréhension, de la sympathie et crée une sorte de passage de ce monde au nôtre.
Nicolas Béniès.
« Le secret des tombes », Ariana Franklin, traduit par Jean-François Merle, 10/18
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu