« Le sang de nos ennemis » est une plongée dans l’histoire récente, la notre, celle de la fin de la guerre d’Algérie. Les affrontements sont sanglants. L’OAS multiplie les attentats, le SAC, service d’action civique, organisation créée par Foccart agit plus ou moins dans l’ombre et la pègre est en train de se transformer. Marseille deviendra le laboratoire de traitement de la drogue qui deviendra la « French Connection ». Gérard Lecas, à la fin de ce morceau d’histoire, risque une hypothèse sur les créateurs de la filière.

Pour raconter l’histoire et l’Histoire, il se sert de deux inspecteurs obligés de faire équipe et qui reviennent à Marseille. Louis Anthureau est membre du Parti Communiste et fils de résistants, son père aurait pu, dû être maire s’il n’avait été assassiné, sa mère, médecin, est partie en Algérie soigner les membres du FLN. Dures racines familiales. Jacques Molinari, plus vieux, membre du SAC, fait des compromissions entre son métier et son affiliation. Son père, anar et peintre, ne lui montre aucune affection. Point de départ de l’enquête, des Algériens retrouvés morts vidés de leur sang. Derrière, les intrigues pour récupérer la drogue arrivée en grande quantité pour inaugurer les laboratoires créés par un truand notoire qui a ses entrées à l’Hôtel de Ville.

Gérard Lecas sait faire découvrir les filons de l’Histoire à travers les ancrages familiaux des deux personnages et incite à la réappropriation de la mémoire qui sait nous échapper. Un polar qui fait aussi un travail de mémoire.

Nicolas Béniès

« Le sang de nos ennemis », Gérard Lecas, Rivages/Noir


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