Annelie Wendeberg, née en Allemagne de l’Est, est microbiologiste. Elle se sert de sa matière pour construire des romans policiers qui pourraient s’intituler « scientifiques », comme il en est des « historiques ». Elle réunit les deux caractéristiques situant son environnement dans les années de règne de la Reine Victoria, fin du 19e siècle.
Elle décrit la manière de construire des vaccins, ceux du choléra et du tétanos en l’occurrence dans cette Grande-Bretagne victorienne. La structure de cette société ne reconnaît pas aux femmes le droit d’être médecin. Anna Kronberg, notre détective, est obligée de se transformer en Anton Kronberg, le prénom de son père, pour pouvoir exercer son art.
Elle a une double vie, homme le jour, femme la nuit vivant dans un quartier miséreux de Londres où elle soigne les déshérités et se protège ainsi des mauvaises rencontres. Elle a une histoire de sexe avec un irlandais, voleur de son état.
Elle rencontre son modèle – visiblement Wendeberg a beaucoup lu Conan Doyle -, lors d’une enquête sur un cadavre qui porte sur lui le choléra et le tétanos aux bords de la Tamise, Sherlock Holmes. Le détective fait preuve de sa capacité d’analyse en découvrant tout de suite son sexe. Si Holmes la dénonce, elle peut finir en prison, exilée en Inde et interdite d’exercice.
Le titre français est curieux : « Le diable de la Tamise » loin du titre anglais, « The Devil’s Grim », le rictus ou le sourire du diable une sorte de résumé du titre allemand un peu à rallonge. La Tamise ne joue aucun rôle dans cette histoire sinon comme dépotoir de tous les déchets de cette population londonienne.
Holmes est présenté comme « asexué », dans le sens où il ne reconnaît que les qualités de l’être humain au-delà des clichés et des préjugés de son époque. Une trouvaille qui permet de comprendre à la fois ses relations curieuses avec Watson et, ici, avec Anna Kronberg. L’enquête porte sur une filière de médecins sans âme qui se servent des miséreux pour poursuivre des recherches sur un microbe – ou virus – capable de détruire des armées ennemies ou l’adversaire dans le cas d’une guerre civile. C’est une intrigue habituelle dans ce type de romans. Mais elle a une résonance dans notre actualité la plus brûlante.
Cette description s’appuie sur la réalité de la guerre bactériologique, comme on l’a vu en Syrie. Annelie n’explique pas vraiment mais elle attire l’attention sur des recherches qu’il faudrait interdire.
Contrairement à ce que dit l’auteure dans sa préface, elle aime écrire et faire partager ses passions.
Cette première enquête de Anna/Anton laisse le désir de la retrouver…
Nicolas Béniès.
« Le diable de la Tamise », Annelie Wendeberg, 10/18
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