« La théorie des ondes » souffre d’une construction curieuse. Le point de départ, le viol et le meurtre de femmes aux même caractéristiques. Catherine Gauthier est une enquêtrice, ex flic de la Ferroviaire, au service d’un avocat, Pierson. Le cadre, la ville de Chalon-sur-Saône où tout le monde a l’air de se connaître, joue aussi un rôle dans la construction de l’enquête qui aura de multiples ramifications. La fermeture de l’usine Kodak, laissant des centaines de salarié.e.s sans avenir et des cadres dépossédés de leur qualification se réunissant pour se souvenir, se saouler et s’engueuler. Le désespoir noyé dans l’alcool est un facteur de suicide.
Catherine participe aussi à des séances sado-maso desquelles elle triomphe toujours pour se guérir d’un mal implacable, le meurtre d’un enfant. Jean-Pierre Renaud, commissaire, est sur une piste différente de celle de Catherine. Les deux ne se rejoindront pas.
Comme si l’histoire actuelle – nous sommes en 2013 – ne suffisait pas, Pascale Chouffot, l’autrice, mêle l’histoire, réelle, des bagnes pour les orphelin.e.s, surtout venant de Paris, des débuts du 20e siècle, subissant la loi et le vice de l’Ogresse et de l’Ogre, dirigeant le lieu. L’une et l’autre échapperont aux châtiments grâce à la guerre de 1914.
Le tout ressemble fort à un règlement de comptes avec Chalon, une sorte de thérapie pour des moments de vie volés, contre l’enfermement de la ville moyenne, contre les restructurations qui s’effectuent sans se préoccuper des conséquences sociales, collectives et personnelles sous prétexte d’augmentation du profit ou de la compétitivité. Une charge nécessaire mais un peu noyée dans d’autres considérations.
Les portraits des femmes qui ont perdu leur enfant sont justes, puissants, remarquables. Le sujet principal sans doute.
Le trop est ennemi du polar.
Nicolas Béniès
« La théorie des ondes », Pascale Chouffot, Rouergue noir.
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