« La menace 732 » se veut « Thriller politique » comme indiqué sur la page de couverture. L’association des deux termes ne parle pas. Un Thriller est, en règle générale, détaché du contexte. Il faudrait plutôt parler de manipulation politique, de plans de renversement de la décision des urnes. Une présidente de gauche radicale est élue au deuxième tour après un affrontement avec l’extrême droite – pour l’instant une fiction – avec une courte majorité, dans des conditions que l’auteur ne décrit pas. Frédéric Potier, ancien Préfet, dans un premier temps, part de l’actualité : les textes des militaires à la retraite ou en active publiés par Valeurs Actuelles récemment en les adaptant à cette nouvelle donne politique et la découverte des réseaux d’extrême droite mis à jour par les services de renseignements montrant ainsi que la menace principale contre la démocratie ne vient pas d’une extrême gauche fantasmée mais d’une extrême droite bien réelle. Extrême droite, suivant l’auteur, responsable du saccage de l’Arc de triomphe. Se noue ensuite la première intrigue.

« Martel 732 » est le nom de code du regroupement des factieux – une date vraisemblablement fausse d’arrêt par Charles Martel des Arabes à Poitiers – qui se met en place avec la complicité de la Présidente du Sénat pour réaliser un coup d’État conservant les apparences de la légalité. Une partie de l’État Major s’engage dans cette action. L’enquête est menée par la capitaine de la DGSI, direction de la sécurité intérieure, Nina Meriem, qui s’abreuve des cours d’une prof de Sciences Po sur les coups d’État, ici résumés à la louche et réduits à une simple technique sans référence au contexte géopolitique.

La deuxième partie propose un renversement des perspectives un peu trop optimiste, sans éléments de contestation et sans intervention populaire. Il ne tient pas compte particulièrement des forces puissantes de l’extrême droite surtout si le sort de l’élection s’est joué à 50000 voix… Une deuxième partie qui ressemble un peu trop à un jeu de rôle, à une mise en scène un peu trop planifiée et sans grain de sable. Dommage.

Frédéric Potier sait décrire les lieux de pouvoir mais ses personnages manquent de profondeur psychologique même s’il connaît la barbarie des forces de sécurité. Passé le premier chapitre déjà lu dans la presse, l’intrigue intéresse. Forcément.

Nicolas Béniès

« La menace 732 », Frédéric Potier, L’Aube/Noire


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