Olivier Pötzsch a créé un personnage de bourreau – de la ville de Schongau – Jacob Kuisl – se prononce « couizeul » comme nous renseigne le traducteur Johannes Honigmann – pour décrire la vie du 17e siècle allemand. Les villes cherchent à s’émanciper de la tutelle des nobles pour développer leurs commerces et leur industrie. Apparaissent – comme en Angleterre un peu plus tôt – les « hommes libres », confrérie d’artisans. Les luttes sociales et la « guerre de 30 ans » – terminée en 1662 – marque les esprits et les comportements.

« La fille du bourreau et le roi des mendiants » raconte l’histoire de la ville lieu de luttes géopolitiques entre le pouvoir ottoman, les villes italiennes et le reste de l’Europe en même temps que le combat interne entre l’Empire, pouvoir politique, l’Eglise et la municipalité de la ville « libre ». Les instances institutionnelles de l’Empire doivent s’y réunir transformant la ville en un tissu d’intrigues pour développer son propre réseau d’influences au mépris de toute vie humaine. Une grande leçon d’histoire.

Le bourreau, lui, est inséré dans ces fils bizarres qu’il ne peut maîtriser, dans une ville qu’il ne connaît pas où il est venu secourir sa sœur. Il est la proie d’une vengeance qui remonte à la guerre, 25 ans plus tôt.

L’auteur fait passer cette double intrigue par les yeux et la réflexion naïve de Magdalena, la fille du bourreau et de son mari, Simon, médecin de son état qui en restent souvent aux apparences. Le roi des mendiants apporte son aide intéressée, manière de décrire les bas fonds et la cour des miracles qui existent dans toutes les villes.

Une réussite. En prime, visite commentée de Ratisbonne.

Nicolas Béniès

« La fille du bourreau et le roi des mendiants », Olivier Pötzsch, traduit par Johannes Honigmann, Babel/Actes Sud


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