Tristan, chef d’orchestre d’une petite ville, est en quête de l’interprétation parfaite, celle qu’il entend dans sa tête. Il n’arrive pas à tirer de l’orchestre ni des incarnations de Tristan et Isolde – l’opéra de Wagner – les sons tirés de son imaginaire. Il sombre dans la mélancolie à l’orée de cette soixantaine qui n’est plus l’âge de la retraite. Le sauvetage passe par l’amour – forcément – de Mathilde, une chorégraphe.
Dans les répétitions soudain arrivent des accords dissonants que lui seul entend. La mélancolie se change en dépression lorsqu’il comprend qu’il ne peut plus faire confiance à son oreille. Que faire ? Comment interpréter la dissonance lui qui ne trouve aucun intérêt aux « Jam Sessions » de jazzmen qui font dans la dissonance ?
Il pensait avoir un don et avoir la musique dans la peau lui ouvrant la porte du solfège sans en avoir eu connaissance avant… la dissonance fait tomber tous ces mythes pour qu’il s’ouvre au monde, à la vie.
« La dissonante » est une naissance. Clément Rossi nous la raconte mettant face à face – c’est bien une sorte de duel – la musique symphonique et le jazz, la mort et la vie en quelque sorte. Le remplacement de Tristan par une cheffe d’orchestre et une chanteuse incarnant Isolde fait pénétrer la vie, le mouvement dans la musique de Wagner. Un plaidoyer contre la répétition des œuvres du passé, pour la création même dans des œuvres bien connues, pour l’improvisation, la rencontre avec le hasard.
On devine très vite que l’origine des maux se trouve dans l’enfance. Comme d’habitude ! Sortir des mensonges est une manière de retrouver l’enfant sauvage et… le rire. Dissoner – n’hésitons pas à créer – est un impératif…
Nicolas Béniès
« La dissonante », Clément Rossi, Sygne/Gallimard.
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