Julian Semenov (1931-1993) est un écrivain célèbre en URSS. Sans doute moins dans la Fédération de Russie en raison des réécritures de l’histoire poutiniennes. Il fait œuvre à la fois de romancier et d’historien. « La taupe rouge » a été le premier édité. « Des diamants pour le prolétariat », qui se déroule en 1921 – l’URSS est toute neuve -, semble être le premier opus d’une série qui couvrira toute l’histoire de cette formation politique et sociale via l’espionnage. En avril 1921, la Tchéka charge un jeune agent, Maxime Issaïev – héros récurrent – de récupérer des diamants des possédants pour financer la jeune République des Soviets. Il infiltre le milieu des trafiquants, croise des tueurs, des voleurs tout autant que les révolutionnaires.

Des aventures étranges dans des milieux qui ne le sont pas moins avec un objectif au service du nouveau pouvoir. Tous les coups sont permis, tous les mensonges. Difficile de déterminer qui est l’ennemi ou l’ami. Tout est flou. L’écriture ne prend pas parti. Le style fait penser à un rapport. Les faits. Sauf les pensées de Maxime confronté à sa première infiltration. Des erreurs pourraient le conduire directement à la mort.

Face à tous les mensonges, l’auteur multiplie les notes qui permettent de se rendre compte des crimes de Staline décimant les rangs des révolutionnaires lors des procès de 1937 notamment. Une grande leçon. Actuelle. Poutine parle de « l’erreur de Lénine » concernant l’Ukraine, Semenov, par-delà la mort, lui fait la leçon. Qu’on ne s’y trompe pas : c’est d’abord un grand roman. Un auteur qu’il faut découvrir.

Nicolas Béniès

« Des diamants pour le prolétariat », Julian Semenov, traduit par Monique Slodzian, 10/18


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