« Demi-volée » est apparemment une histoire d’entraînement au squash. L’autrice, Chetna Maroo, donne l’impression de tout connaître de ce sport. Positions, manière de renvoyer la balle, façons d’imposer son jeu à l’adversaire, vision de vidéos de champions… rien ne nous est épargné de la formation, des entraînements nécessaires pour devenir une grande championne. De ce côté là pas vraiment de suspense, elle y arrivera.

Gopi, la narratrice, sous les auspices de son père, entraîneur pour l’occasion et lui-même ancien joueur comme son frère, apprend les règles répétées et répétées encore pour entrer dans le jeu. Jeu réel et allégorique tout à la fois.

Le père, seul après la mort de sa femme, doit élever ses trois filles. Venant du Gujarat, un État de l’Inde, exilé dans la banlieue de Londres, il cherche à sauvegarder ses racines en faisant apprendre à ses filles le gujarati tout en les préparant à s’intégrer dans la société britannique. Le squash, par ses champions indiens, réunit ces deux éléments contradictoires.

La grâce de l’écriture, bien rendue par la traductrice Madeleine Nasalik, qui sait faire sentir les non-dits, évoquer les sens cachés pour dire la nécessité de rompre les liens avec le père, pour vivre tout simplement.

Un premier roman qui oblige à le lire d’une traite, qui laisse comme un vague sentiment de solitude, d’amour perdu, d’une enfance disparue qui laisse la place à la femme seule décideuse de son avenir. Situation inconfortable comme celle du squash, comme une « Demi-volée », un titre jeux de mots aux intentions cachées tout en faisant explicitement référence au squash mais aussi à la moitié volée, l’amour nécessaire d’une mère disparue.

Nicolas Béniès

« Demi-volée », Chetna Maroo traduit par Madeleine Nasalik, Édition Dalva.


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