Une ode à la jeunesse capable de vivre d’autres vies.

« Debord, printemps » n’a pas vraiment de statut. Pas un essai, pas un poème, pas une biographie, pas non plus vraiment portrait d’une jeunesse et d’une époque, pas vraiment saga, pas vraiment politique mais un peu de tout, pour un mélange explosif, virulent, sauvage. Le thème apparent, la figure de Guy Debord, jeune homme réfugié dans son îlot de Saint-Germain-des-Prés, entre différentes cavernes où se retrouve un groupe de dissidents qui refusent la société de ces années cinquante appelées plus tard « les 30 glorieuses » (dixit Fourastié). « Ne travaillez pas » est le slogan affiché de ces lettristes d’abord puis « situationnistes ». L’internationale que constitue Debord est striée d’exclusions, souvent à motif aviné ? Cette jeunesse rêve, construit un monde étrange autour d’elle-même animé par la volonté farouche de ne pas être digéré par ce monde inconnu pour elle.

Jeunesse du temps immédiat, sans avenir, sans boussole mais animée d’un désir énorme de vivre sans gâcher sa vie à la gagner. Volonté qui pourrait faire sourire aujourd’hui où un PDG gagne trois siècles du revenu d’un smicard par an mais, après la pandémie, le refus du travail connaît une recrudescence étrange qui est inadmissible et incompréhensible pour les « élites ». La disruption, comme il ne faut pas dire, est de nouveau l’apanage de la jeunesse de notre temps qui se refuse à un travail sans fondement et sans aucun sens.

Le texte de Frank Perrin suscite des réflexions diverses. Pas seulement. L’écriture emporte, insupporte, enflamme, déchante, poésie qui ne veut pas dire son nom pour adresser un appel à la révolte pour devenir soi-même et non pas celui que la société nous forge.

Nicolas Béniès

« Debord, printemps », Frank Perrin, Louison éditions/Dissidents


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