Comment survivre dans un environnement de froid extrême, celui des confins de la Sibérie en l’occurrence ? Sous la forme d’un carnet de voyage de Anna, une journaliste engagée bénévole dans une opération d’une ONG voulant rendre compte de la réalité de virus millénaires mis à jour par la fonte des glaces, Patrice Gain raconte ce voyage dans lequel se mêlent les passions cruelles des hommes, les trésors cachés du fond des Âges, l’exploitation des enfants, la pédophilie, les viols et même les assassinats dans un contexte de contrôles bureaucratiques du port russe de Tiksi. L’équipe de scientifiques, qui fait bien son travail en découvrant des virus dangereux, est vue comme un microcosme de la société.
« De silence et de loup » ramasse la partie finale du périple d’Anna qui ne sait pas refuser de s’occuper des affaires des autres, sans doute à cause de la mort de sa petite fille suivie par celle de sa compagne. Le silence des contrées glacées dans lesquelles se joue une partie de l’avenir de l’humanité tout entière – le futur des épidémies – et le loup comme compagnon d’infortune qui partage la marche et laisse percevoir un peu d’espoir, faux espoir peut-être.
L’auteur arrive à faire tenir de manière logique tous les thèmes d’actualité en particulier celui du désastre écologique, l’absence de prise de conscience globale des risques courus par la planète et ses habitants comme des questions plus sociales liées à la fois aux préjugés et aux rapports de domination.
Le début est un peu lent malheureusement mais il faut dépasser cette sensation et poursuivre la lecture pour prendre la dimension de cette histoire de honte, de dangers, de mort et de renaissance.
Nicolas Béniès
« De silence et de loup », Patrice Gain, Albin Michel
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