Une présentation qui souffre d’un manque criant : l’écriture, le style, la manière dont l’auteur évoque tous ces problèmes à l’échelle humaine, à l’échelle des regrets de ces personnages qui ne savent comment absorber leur présent, emplis qu’ils sont de leur passé.

Nous sommes sur une île de l’archipel d’Helsinki – la capitale de ce pays étrange où l’on parle suédois tout autant que le finnois – dans laquelle Thomas Brander, chef d’orchestre devenu célèbre mais un peu sur le déclin, a fait construire une sorte de petit château qu’il appelle la casa triton, une quarte au nom étrange interdite dans la musique du Moyen-Âge, considéré comme la musique du diable. Il est absorbé par une histoire d’amour qu’il ne veut pas voir terminer. Pour alimenter sa nostalgie et sa mélancolie, il écoute, travaille les partitions de Gustav Mahler qu’il joue avec des orchestres successifs sans la flamme qui fut la sienne.

Son voisin, un psychologue scolaire, Reinar Lindell, guitariste amateur, féru de jazz et de pop music, fait, avec son groupe, les beaux samedis soir du café local. Deux types de musique s’affrontent, deux caractères aussi, deux rêves d’un amour idéalisé. Il faudra crever les baudruches des rêves pour entrer de plain-pied dans la réalité des amours vivantes.

Kjell Westö réussit à nous intéresser à toutes les musiques qu’il décrit, avec toutes les références nécessaires pour réaliser un thriller, sans assassins ni crimes, un thriller freudien pour ces deux hommes d’une cinquantaine d’années refusant dans un premier temps d’abandonner leur monde qu’ils connaissent bien même s’il n’est pas heureux. La sortie se fera, plus ou moins bien, par la confrontation avec la jeune génération. Un roman qu’il est difficile de lâcher avant la fin… qui ne peut constituer une fin.

Nicolas Béniès

« Casa Triton », Kjell Westö traduit du suédois par Anna Gibson, Editions Autrement


Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu