Tutto Ponti – Gio Ponti, archi-designer

Le MAD propose dans la grande nef une grande rétrospective des créations de cet artiste milanais, qui, des années 20 à sa mort en 1979, a produit une multitude de pièces, verrerie, orfèvrerie, mobilier, luminaires, a révolutionné l’architecture des monuments publics et des résidences privées, a mêlé l’art à la production industrielle et a même créé deux revues, Domus et Lo stile .

En ce sens, c’est sans doute l’un plus important architecte et designer du 20° siècle. Et pourtant, si la richesse de sa production -et sa qualité esthétique – est indéniable et bien mise en évidence dans l’exposition, il ressort de cette profusion d’objets, de photos, de reconstitution des intérieurs de bateaux, d’hôtels et de villas qu’il a décorés l’impression bizarre d’un créateur essentiellement caméléon et opportunisme. Tout part dans tous les sens, nul choix artistique personnel, nulle ligne directrice, nulle « vision du monde » que devrait porter l’artiste à travers son œuvre. On lui demande de créer de la verrerie et de la porcelaine dans un style qui n’aurait pas déparé au 18 ème siècle, il le fait. Il travaille des décennies avec Christofle pour de la vaisselle et de l’orfèvrerie et se coule dans le moule. Son travail architectural se développe en même temps que le fascisme, sans qu’on sente la moindre réticence à travailler dans ce cadre. Le Bahaus arrive, puis le design vers les années 50, et Gio Ponti prend le train en marche.

Bien sûr, tout est très beau, des villas privées au mobilier, de la céramique aux maquettes d’églises. C’est un vrai régal pour les yeux. Alors, malgré les réticences sur cette œuvre disparate, Gio Ponti mérite qu’on découvre son travail.

Sylvie Chardon

Musée des arts décoratifs

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