Depuis la nuit des temps l’imaginaire des hommes a galopé sur ce qu’ils imaginaient de ces mondes souterrains et les artistes s’en sont nourris. La perception de ces mondes oscillaient entre crainte et répugnance, ignorance et savoir, mort et fertilité. Dans une région marquée par son bassin minier, dont témoignent toujours les terrils qui dominent la ville, l’exposition du Louvre-Lens va convier les visiteurs à un voyage dans l’art à travers les époques comme un écho de ce passé.

L’exposition nous invite à nous enfoncer dans les profondeurs obscures de la terre accueillis par la Sibylle. En sept étapes on va passer des profondeurs inquiétantes à la lumière. Peinture, sculptures, dessins, livres, minéraux, films vont nous accompagner dans ce voyage. Avec la peinture de Courbet, les dessins des prisons de Piranese, l’œuvre de Maurizio Cattelan évoquant la hantise d’être enterré vivant ou la statue en bronze de Girardon montrant Pluton enlevant Proserpine pour l’entraîner dans les Enfers, on reste dans l’effroi des ténèbres. Un monde habité par des dieux et des déesses redoutables ou protecteurs nous apparaît dans la statuaire, de l’Antiquité grecque ou égyptienne jusqu’à la déesse Déméter de Jean Arp.

La transition se fera vers la lumière par la connaissance de ces mondes. La caverne de Platon, une œuvre de Huang Yong Ping nous y introduit de façon originale. On y rencontrera le monde de la mine avec une statue de Constantin Meunier, les fossiles et les trésors des cabinets de curiosités du XVIIIème siècle, comme par exemple la série des bustes des empereurs romains aux têtes en pierres semi-précieuses. Ce sont aussi les racines de la terre qui s’installent dans ce monde souterrain. L’installation de Giuseppe Licari Humus les célèbre. Mais l’homme a aussi revisité ces mondes sous-terrains y voyant un monde onirique, créant des grottes artificielles accolées aux palais des Princes pour leur offrir fraîcheur ou cachette pour leurs amours. On y entre par les Nymphées d’Eva Jospin et on peut admirer quelques éléments des moules de Bernard Palissy, pour une de ces grottes commandée par Marie de Médicis, et deux grotesques provenant de la Domus Aurea de Néron à Rome, longtemps prise pour une grotte. Le dernier chapitre présente des œuvres où l’on voit des hommes investissant le monde sous-terrain pour y habiter, circuler ou travailler avec des extraits de Métropolis, des images du métro et des photos de sa construction.

Une exposition riche des prêts de nombreux musées et galeries, surtout français mais aussi belges, britanniques et suisse, qui nous invite à explorer les multiples images qu’ont les hommes du monde qui se déploie sous leurs pieds.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 22 juillet 2024 au Louvre-Lens, 99 rue Paul Bert, 62300 Lens – ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf le mardi – T : 03 21 18 62 62 /www.louvrelens.fr – nombreuses animations autour de l’exposition : des visites guidées, des ateliers pour les enfants de tous âges et pour les familles, des spectacles, lecture musicale, apéros noirs, théâtre, cinéma, musique, conférences programme à retrouver sur le site

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