Frida Kahlo est morte en 1954 et elle est devenue une icône qui inspire les artistes et les créateurs actuels. Après sa mort, son époux, le peintre muraliste Diego Rivera a scellé sa salle de bain, ses armoires et des coffres dans sa maison bleue « la casa azul » de Coyoacan. Les documents, lettres, photos, vêtements, croquis, bijoux, objets qui y étaient cachés n’ont été trouvés, inventoriés et restaurés qu’en 2004. Après Mexico et Londres, Paris, le Musée Galliera en l’occurrence, accueille ces trésors. L’exposition elle-même est remarquable. Elle rencontre d’ailleurs un grand succès et la visite de la première partie peut être rendue difficile quand il faut jouer des coudes pour avoir le temps de lire les panneaux informatifs et regarder les photos et les documents.

Pas de méprise, il ne s’agit pas d’une exposition des peintures de Frida Kahlo. Il s’agit de découvrir une femme à travers l’image qu’elle a voulu construire, avec son obsession d’offrir d’elle une image parfaite, malgré ses infirmités, avec son attachement à sa culture mexicaine mais aussi métissée, avec ses ambiguïtés sur son orientation sexuelle. Pour cela, on parcourt sa vie à travers de nombreuses photos (elle a été très photographiée, dès l’enfance par son père, photographe reconnu, puis par des photographes célèbres, comme Gisèle Freund, Dora Maar, Nickolas Muray), des documents, des lettres à ses amis. On découvre les vêtements qu’elle portait, superbes : alors qu’elle n’a jamais mis les pieds à Tehuantepec, ce sont les tenues Tehuana qu’elle adoptera, vastes tuniques colorées et brodées pour cacher les corsets qui tenaient sa colonne vertébrale brisée, longues jupes à volants pour dissimuler sa jambe blessée, puis amputée. On est impressionné par ses corsets et par sa prothèse de jambe finement décorés. La salle consacrée aux vêtements et bijoux est magnifique. L’exposition se termine par des créations actuelles (Jean-Paul Gaultier, Lagerfeld, Givenchy…) très influencées par Frida Kahlo.

Deux publications l’accompagnent.

Le catalogue proprement dit est encore plus complet que l’exposition. Il développe des aspects historiques, montre des reproductions de toiles de l’artiste mais aussi d’autres artistes mexicains, des photos qui ne figurent pas dans l’exposition, des informations sur la chronologie ou la biographie de Frida, des analyses de son œuvre et de sa personnalité. Un complément indispensable à l’exposition.

Et un objet plus surprenant, un recueil de photos de pièces de l’exposition, bijoux, objets, lettres, … une par page, sans un seul texte d’explication, sans légende, juste de magnifiques photos, signées Katerina Jebb. Un dialogue entre deux grandes artistes.

Frida Kahlo, au-delà des apparences, Paris Musées – Palais Galliera – Jusqu’au 5 mars 2023

Catalogue de l’exposition – Sous la direction de Claire Wilcox et Circe Henestrosa – Ed : Paris-Musées Palais Galliera

Corpus – Katerina Jebb – Ed : Paris-Musées Palais Galliera


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