C’est parti ! La 78ème édition du Festival d’Avignon est lancée. Elle se tiendra du 29 juin au 21 juillet, J.O. obligent. Un décalage de dates, certes, mais rappelons qu’au départ l’annonce avait été faite par un ministre empressé que le Festival, comme tant d’autres manifestations estivales de masse, n’aurait pas lieu en 2024 pour des raisons d’effectifs de sécurité. Quatre ans après l’annulation due au COVID c’eut été un coup dur !

Le marathon de théâtre qu’est Avignon aura bien lieu mais débutera une semaine plus tôt. Cécile HELLE, maire d’Avignon, considère que c’est à la fois une gageure et une opportunité puisque certes, toute la France ne sera pas encore en vacances mais ce sera l’occasion pour les habitants de proximité d’avoir un festival « pour eux », les scolaires pourront aller au spectacle pour fêter la fin d’année.

Au fil des interventions de personnalités régionales, on apprend qu’enfin la Région a obtenu de ZOU, le Réseau Transport de la Région Sud, que des TER puissent desservir des villes alentours jusque tard le soir : des trains partiront d’Avignon Centre jusqu’à 23h30 en direction d’Orange, Cavaillon, Arles et Carpentras ! Bonne nouvelle pour les festivaliers dont le budget ne permet pas de résider dans la Cité des Papes où les prix des locations semblent suivre le thermomètre en juillet !

Sur la grande scène de la FabricA, en attendant l’été, c’est un comédien enjoué qui fait le spectacle. Tiago Rodrigues, pour sa seconde année à la tête du In, semble déborder d’énergie et d’enthousiasme ! Il joue un programme riche et varié avec une gourmandise qu’il parvient aisément à faire partager par le public venu en nombre. Il faut dire que le menu donne envie : en entrée, l’artiste complice Boris Charmatz prend le micro pour dire son bonheur de suivre tout le festival et d’y proposer deux chorégraphies dont Forever d’après café Müller de Pina Bausch… Plat de résistance, la langue invitée étant cette année l’espagnol, nous aurons droit à plusieurs spectacles venus d’outre-Pyrénées ou d’Amérique du sud : Historia d’un senglar (o alguna cosa de Ricard) de Gabriel Calderon, Soliloquio de Tiziano Cruz ou encore La Gaviota, une Mouette ibérique de Chela De Ferrari, pour n’en citer que quelques-uns. Mais aussi des rencontres tous azimuts, des expositions et 35 spectacles dont 83% de créations, 30% en espagnol, la moitié de ces spectacles seront des premières mondiales. Tout cela en 21 lieux à Avignon ou autour, dans le Vaucluse, le Gard ou les Bouches du Rhône !

Mais pourquoi « Chercher les mots » ? Trouver les mots n’est pas un problème pour « Tiago » – les avignonnais semblent avoir déjà adopté le dramaturge qui défend la démocratie et le théâtre avec la même ardeur, en particulier sous la forme de la démocratisation du théâtre bien plus nécessaire, utile et joyeuse que la théâtralisation de la démocratie ! Il se trouve que l’an dernier, An 1 de l’ère Rodrigues (qui a aussi du cœur !) se tint une rencontre avec de jeunes personnes qui découvraient le Festival pour la première fois. Lors de celle-ci on a demandé aux participant.e.s de donner un mot pour définir leur expérience. Bien sûr, il y a eu « découverte », « émotion », « surprise », « réflexion », « chaleur », « fête », « cigales » et « joie » mais une participante est restée muette pour finalement lâcher : « Je cherche les mots. » Cette formule qui les porte toutes en germe, a servi de titre à cette Présentation du Festival d’Avignon 2024, nous confie Tiago.

Justement, laissons pour terminer la parole à son directeur portugais, premier artiste étranger à la tête du plus grand festival de théâtre du monde, et homme apte à trouver des mots pour en chercher d’autres encore : « Nous cherchons les mots pour parler à ce monde, convaincus que ce festival des arts vivants est l’un des lieux du combat pour une société plus juste, plus libre, plus créative et plus pacifique. »

Jean-Pierre Haddad

Site officiel, programme complet, informations et billetterie : https://festival-avignon.com/?cat=1001

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