
Photo Laurent Guernault
Jacques Brel est doublement à l’honneur au Festival d’Avignon de ce mois de juillet 2025 avec deux spectacles de qualité. Malheureusement, la plupart des médias l’évoquant, ne parlent que de l’évènement chorégraphique du jeune danseur et chorégraphe Solal Mariotte, créé avec la chorégraphe belge très renommée Anne Teresa de Keersmaeker, autour de chansons repensées pour être dansées dans l’espace grandiose de la Carrière de Boulbon.
Il y a pourtant autant de qualité artistique dans chacun des 2 spectacles et de nombreuses parentés entre les 2 créations. Pas seulement parce qu’il s’agit d’un travail autour des chansons de Brel, mais parce que le chanteur HK est toujours en mouvement depuis ses premiers pas sur scène. Parmi ses créations musicales antérieures ayant fait le tour du monde on ne peut oublier ‘’Danser ensemble’’ (2015) puis ‘’Danser encore’’ (2020 et titre de son plus récent album de 2024).

Plus récemment, il mit en mouvement le public de la Cour d’honneur du Palais des Papes (archicomble), lors de la nuit des artistes et du monde de la culture contre la menace de l’extrême-droite le 5 juillet 2024 (en vidéo ici) en tourbillonnant sur la grande scène avec ‘’On lâche rien’’ accompagné par 5 musiciens (création éditée en 2011 dans l’album HK & les Saltimbanks – Citoyen du monde)… Et, comme la chorégraphie, il explore aussi l’expressivité, la poésie communicative et la gestuelle de Jacques Brel qui joua un rôle essentiel pour que Kaddour Hadadi devienne le grand HK en nous racontant comment, alors qu’il n’a que 6 ans à Roubaix, dans sa ville natale, il avait été impressionné en entendant ‘’Regarde bien, petit’’, puis marqué par un enregistrement diffusé par la télévision alors qu’il a 13 ans, (cf. entretien avec HK présentant ce spectacle).
Au Théâtre de l’Arrache-Cœur [1], avec un accompagnement performant d’Adrienne Auclair au violoncelle et Thibault Delbart au piano et à la guitare, HK (©photo Najib Sellali) alterne sa puissante interprétation d’une dizaine de grandes chansons emblématiques de Brel, avec ses talents de conteur pour nous faire découvrir comment ce répertoire a inspiré son propre cheminement, à la fois poétique et militant, d’auteur-compositeur-interprète passionné d’écriture[2], porteur de rêves et d’engagements collectifs pour une société plus juste et solidaire[3].


Les spectacles sont aussi l’occasion de (re) découvrir ses enregistrements, ses romans, y compris la moins connue « Dounia », belle BD conçue avec le dessinateur et explorateur d’images Cédric Van Onacker, en 2018-2019, quelques mois avant le début de la pandémie Covid19 (!) et imaginant « une ville à l’agonie, terrassée par une mystérieuse épidémie et sous l’emprise d’une puissante multinationale agrochimiques aux desseins obscurs » alors que « dans la montagne, un petit village paisible et oublié résiste encore et toujours (…) pour préserver leur mode de vie humble, respectueux de la Terre et du vivant», le tout présenté à travers les yeux d’une petite fille dialoguant avec son grand-père, et s’achevant, dans la plus récente édition, par le texte du poème/chanson de 2021 « Dis-leur que l’on s’aime, dis-leur que l’on sème » et de son couplet évoquant ‘’l’inaccessible étoile’’ ce qui nous ramène évidemment encore à Jacques Brel avec « La quête » (1968) comme aspiration à la réalisation des rêves…
Philippe Laville
> Au Théâtre de l’Arrache-Cœur jusqu’au 26 juillet à 21h50 (relâche le mercredi) Infos et réservations :
https://www.festivaloffavignon.com/spectacles/5653-hk-le-jour-ou-j-ai-rencontre-brel
Pour la tournée après Avignon, notamment dès le 31 juillet au Festival de Barjac qui fête ses 30 ans : https://openagenda.com/fr/hk-pres-de-chez-vous et https://hk-officiel.com/
> Au Théâtre Isle80, pendant le Festival d’Avignon, du 16 au 26 juillet à 16h45, HK est aussi présent, en reprenant « Poète en cavale » (création 2024) : https://www.festivaloffavignon.com/spectacles/6832-pote-en-cavale |
[1] S’illustrant particulièrement par sa programmation d’artistes proposant des concerts et spectacles musicaux de qualité, comme nous l’avons souligné dans un autre article https://cultures.blog.snes.edu/publications-editions-culture/culture/evenements-culturels-festivals-grands-entretiens/des-sorcieres-comme-les-autres/
[2] Parmi ses plus récents romans inspirés du réel et toujours passionnant à lire ou relire « Sans haine, sans armes, sans violence » (2020, Ed. Riveneuve). Dans le prolongement de sa chanson éponyme de 2019, se présente comme « Un roman polyphonique comme une fable contemporaine sur l’engagement de tous à construire ensemble le monde où nous voulons vivre après l’expérience du Covid 19 ».
[3] En s’impliquant aussi à l’occasion pour des solidarités internationales, comme ce fut encore le cas, peu avant le Festival d’Avignon, en s’associant avec d’autres artistes et personnalités à la marche Paris-Bruxelles (15-23 juin) demandant à l’UE d’agir pour que cesse le génocide à Gaza, à l’initiative de la LDH, d’organisations syndicales dont la FSU et d’un ensemble d’autres organisations : https://marchepourgaza.org/ et https://www.ldh-france.org/marche-pour-gaza-et-la-palestine-europe/
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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