Rendez-vous sur une sympathique terrasse de l’Isle-sur-la-Sorgue. C’est le choix de Chloé Tournier, directrice de La Garance depuis 2022 et d’Élodie Mollé, responsable de la communication, pour présenter à la presse la nouvelle saison de la Scène nationale de Cavaillon, dans la belle lumière d’une fin d’été provençal.

Au-delà de l’anecdote, cette invitation hors-les-murs, à une dizaine de kilomètres de Cavaillon, est un marqueur identaire fort de La Garance. « Scène nationale, scène nomade, même combat ! » tel pourrait être le cri de guerre pacifique et chaleureux de l’équipe de Chloé Tournier. Depuis quelques années, La Garance fait place à une programmation « Nomade(s) » proposant une circulation de plusieurs spectacles dans des communes du Vaucluse où même du Gard – la bataille pour l’extension du domaine du spectacle vivant va à la rencontre de tous ses voisins ! Après la rencontre, on enchaine sur le premier spectacle nomade de la saison présenté à deux pas de là, dans le Parc Gautier de l’Isle sur la Sorgue. La Ville y invitait gratuitement le public à voir Faune de la Compagnie Libertivore qui dévore en effet d’énormes quantités de liberté créatrice. C’est bien le cas de Faune (photo ci-dessus), une œuvre circassienne entre acrobaties, musique et danses sur le thème du retour dans la forêt pour y rencontrer le grand cerf sauvage, indomptable et sage. Un moment magique où Nina Harper, Victoire Godard, et Camille Guichard, danseuses et acrobates intrépides et agiles, entrent en relation avec l’animal en pratiquant des agrès insolites faits de bois de cerfs (issus de la mue et non de la chasse). La circo/choré/scéno-graphe Fanny Soriano signe-là une œuvre empreinte d’une grande symbolique autour d’une réconciliation avec une Nature que le mâle humain occidental dominant et blanc (oui, surtout lui !) n’a que trop méconnue, exploitée et détruite en oubliant qu’il en est une partie seulement et non le maitre. Le grand cerf, défi des chasseurs, est la métaphore magnifique d’une résistance et d’un contre-pouvoir que les trois femmes approchent, prêtes à pactiser avec. Le spectacle tournera encore sur quatre lieux en plein air dont une cour d’école élémentaire à Malemort-du-Comtat et surtout, dans la Forêt des Cèdres du Luberon à Bonnieux !       

Pour la suite, la saison 2025-2026 s’annonce encore une fois pleine de découvertes, de créations ou de reprises riches et passionnantes. À La Garance, on a l’esprit de la fête et l’année commence toujours par une Fête de saison, cette année avec la Karaoké Mobile, installée sur l’esplanade du théâtre. Une fête pour tous, gratuite et conviviale. Et comme la saison est partagée en deux, il y a promesse d’une deuxième fête en janvier avec un happening théâtral organisé par la compagnie flamande Ontroerend Goed…

La Garance est une scène résolument tournée vers les publics et les territoires. Cette année, elle lance La Bande du Futur en invitant un groupe de jeunes de 12 à 17 ans à participer à la programmation de l’année suivante en les initiant au monde du théâtre (ateliers, sorties, échanges) et aux enjeux d’une programmation éthique. L’équipe de Chloé Tournier sait aussi faire place à des créations et spectacles venus d’ailleurs. Ce sera le cas avec Les Trois Mousquetaires, cette série théâtrale de Clara Hédouin et Jade Herbulot avec le Collectif 49 701, qui en est à sa troisième saison. Théâtre et danse avec Vive de Joséphine Jaffin, puis retour en région avec la chorégraphe marseillaise Marina Gomes qui présentera La Cuenta et Bach Nord (référence à un graffiti de cité : « On veut du Bach pas la B.A.C. »). Du cabaret et des concerts comme celui de Léonie Pernet avec ses Poèmes Pulvérisés. Du cirque avec Le Complexe de l’Autruche, un collectif acrobatique qui renverse la gravité. En fin de demi-saison, retour du théâtre avec Thérèse et Isabelle de Violette Leduc, matriarche du féminisme et de la cause lesbienne, une adaptation par Marie Fortuit et la Compagnie des Louves. Puis, Le Petit Chaperon Rouge de Joël Pommerat et pour finir Thelma, Louise et nous, le célèbre road-movie revisité en plateau par Nowen Le Doth et Anna Pabst…

Spectatrice, spectateur, ce n’est là qu’un aperçu ! Si tu veux en savoir plus, La Garance dispose d’un site Internet coloré, dynamique, attrayant, bien fait et plein d’autres choses dont un lien de covoiturage pour se rendre aux spectacles. (La deuxième moitié de saison commençant en Janvier 2026 y est déjà présentée !)

Malgré la baisse des dotations nationales (l’État délaisse ses Scènes dramatiques nationales mais pas sa scène médiatique parisienne !) mais grâce aux subventions régionales, à la billetterie (20 000 places payantes en 2025) et au mécénat d’entreprises ou de particuliers, l’équipe de La Garance engagée plus que jamais, maintient à un très haut niveau de qualité et dans la diversité, ses missions artistiques, culturelles et sociales. 

On peut déjà applaudir et surtout y courir !         

Jean-Pierre Haddad         

La Garance, Scène nationale de Cavaillon, rue du Languedoc, 84306 Cavaillon.

Informations et réservations : https://www.lagarance.com/programme

Dernière minute : La Garance fait place au festival biennal C’est pas du luxe ! (De retour en septembre 2026).

Le dimanche 28 septembre, la chorégraphe Marinette Dozeville fera danser « Avignon, Terre de Culture » sur la Place des Carmes à 17 heures. Son projet de création participative franco-brésilienne Nous sommes / Nos somos invite à danser contre le repli culturel et les peurs sociales, à faire corps-dansant dans une chorégraphie collective qui propose aux spectateurs et spectatrices qui le souhaitent, d’entrer dans la danse.

À Avignon, on danse toute l’année et pas que sur le Pont !  

Informations : https://www.lagarance.com/nous-sommes

Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

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