La 23ème édition du Festival Andalou s’est achevé le 24 mars en laissant une forte impression tant à l’amateur ou amatrice de Flamenco qu’à celui ou celle de musique orientale du Maghreb. Saluons la volonté et la persévérance de l’Association Andalouse Alhambra d’Avignon qui s’emploie à faire connaître et apprécier des créations artistiques plurielles de ces deux cultures au passé partagé. Béatrice Valero et son équipe ne ménagent pas leurs efforts pour faire venir à Avignon des artistes de renommées mondiales tout en offrant des spectacles accessibles et populaires aussi bien en centre-ville qu’hors les murs, comme dans le quartier de Saint-Chamand là où le Festival Andalou est né il y a vingt-trois ans.

Tout débuta dans « le sel et l’écume » avec De sal y de espuma au Théâtre du Chien qui fume. Le chanteur Melchor Campos convoquent l’amour et l’anamour, l’amitié, la douleur dans un tourbillon de rythmes sauvages ou délicats. Entouré du danseur Kuky Santiago et d’autres compagnons, au chant, à la guitare, à la basse ou au bouzouki, aux percussions sans oublier las palmas et la voix féminine de Cécile Evrot, le spectacle devient sel de la vie et écume des corps passionnés !

Au célèbre Rouge Gorge tenu par Harold David par ailleurs co-président de l’Association AF&C qui organise le Festival Off, la soirée s’annonçait colorée et enivrante : un défilé de mode flamenca proposé par la jeune styliste Mélissa Cruz suivi d’un concert de l’orchestre Tarab de Marseille accompagné par l’ensemble vocal d’Avignon Chandalous. Des volants sévillans aux volutes des airs du Chaabi, guidé par le violon arabo-andalou de Fouad Didi.

En passant par Caumont-sur-Durance, cette après-midi de fin d’hiver déjà printanière, on aurait pu entendre au loin la voix puissante de cette espèce de troubadour qu’est Antonio Placer accompagné à la guitare par Juan Antonio Suarez, dit El Canito… La poésie douce et tragique du Duo Trovaores vous aurait aimanté jusqu’à la Chapelle Saint-Symphorien qui domine le village.

Sur le plateau du Théâtre Golovine, Christina Hall réalise avec Dulce espina, la fusion parfaite entre l’âme et le geste du flamenco puro et l’esprit de la danse contemporaine. La danseuse de renommée mondiale est originaire de San Francisco, une ville au nom espagnol… Elle possède une technique du baile puissante et d’une grande richesse mise en œuvre dans une scénographie moderne. Dulce espina, signifie « douce épine », cet oxymore est une métaphore de tout le spectacle. El cante de Sara Holgado raconte le contraste entre les passions tristes, le tragique de la vie, entre naissance, amor et mort et celles de vie, d’espérance, de joie, alegria flamenca. Sur scène, palmas, zapateado (claquements rythmiques des mains et percussions des pieds) et guitare sont bien présents tout comme le chant en solo ou accompagné avec ses montées dans le aigus et ses vocalises. À côté du très riche jeu de guitare de Tino Van Der Sman, le percussionniste David El Chupete apporte une touche « free flamenco ». Pureté et classicisme de cet art gitan marié à la modernité. Cela se vérifie aussi dans la chorégraphie qui d’ailleurs fusionne les genres masculin et féminin du baile flamenco, mouvements de bras et de tête virils et subtils jeux d’éventail.Un magnifique spectacle digne des plus grandes scènes mais ce soir-là réservé aux aficionados du Festival Andalou d’Avignon !

Le festival comprenait bien d’autres beaux moments et spectacles comme le défilé équestre sévillan sur le Cours Jaurès ou le concert Baro Drom de Luis de la Carrasca, référence du monde flamenco, à l’auditorium Jean-Moulin au Thor. Autant d’évènements auxquels votre serviteur n’a pu assister, occupé plus au sud par la 7ème Biennale des Écritures du Réel à Marseille. Il fera mieux pour la 24e édition du Festival Andalou.

Hasta al próximo año!

Jean-Pierre Haddad

https://lefestivalandalou.com/wp-content/uploads/2024/02/Programme_Festival_Andalou_2024.pdf

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