Le Festival Andalou s’est clôturé le 30 mars par une grande fête populaire au Sonograf du Thor avec le DJ Juan Cortès : musique, danse et saveurs du sud. Il est donc temps de revenir sur cette édition 2025 pour en dire la richesse. La programmation flamenca et arabo-andalouse a su diversifier les genres, les styles, les formats. Ouverture au public avec des performances in situ comme celle de Chely La Torito au Centre socio-culturel de la Barbiere au -delà de la Rocade Charles de Gaulle. Une merienda, un goûter convivial à la Maison Folie de Saint-Chamand ou un Conte dansé flamenco pour les enfants de primaire au Centre Social La Fenêtre. Le Festival Andalou né hors les murs à Saint-Chamand en 2001, est populaire dès son origine et il a su le rester.

Au théâtre du Sablier les amateurs Tablao Flamenca, ont eu une plongée vibrante et authentique dans l’esprit du quartier Sacromonte de Grenade avec Anton Fernandez à la guitare et Cristo Cortès au chant. Mais on a pu aussi explorer les liens profonds des deux traditions musicales que sont le Flamenco et la musique Arabo-Andalouse au Théâtre Episcène dans une soirée inoubliable où guitare, violon, percussion, cithare, chant choral et danse se sont combinés dans une fusion culturelle qui fait du bien au cœur en ces temps de pseudo « choc des civilisations ». Le violoniste Fouad Didi, le mandoliniste Farid Zebroune, le guitariste Nino Garcia, Youssef Kasbadji à la derbouka, la danseuse Chely La Torito et les choristes de Chandalous ; tous réunis dans une même passion de la rencontre. Pour un soir, le théâtre du Chien qui fume est devenu la Casa de los Bolecos comme si nous étions les amis de cette famille où l’art flamenco est une seconde nature. L’art musical y est vraiment un art de vivre et pas étonnant qu’à la fin du spectacle on invite ceux qui le veulent à venir danser sur la scène. Et ce n’est pas que le reste de la famille qui descend des gradins ! Dans le flamenco, les percussions se ne font aussi sur la caisse de résonance des guitares mais ce soir-là ce fut un festival de talons martelant le sol, de mains jouant des palmas et de claquement de doigts! Sans parler de la danse sur chaise ni bien sûr du chant qui avec ses longues vocalises sait faire durer la plainte ou l’allégresse.

Qui imaginerait que par un clair samedi matin de mars, en périphérie de l’Isle-sur-la-Sorgue, il pouvait se tenir une classe magistrale de baile flamenco ? Tout est possible pour le Festival andalou qui marche (ou danse) à la passion… La danseuse nîmoise Céline Daussan de son nom de scène « La Rosa Negra » accueille les participantes avec enthousiasme et bienveillance. (Pas d’exclusion mais point d’hommes sur le parquet.) Par sa pédagogie douce et patiente couplée à une technique virtuose, la danseuse parvient en deux heures de temps à transmettre les bases de son art. Il y a la difficulté du rythme en douze temps, des talons frappés au sol mais aussi la grâce de la gestuelle des bras et des mains qui se termine par des dépliés et repliés de doigts pareils à des éventails. La confiance qu’inspire Céline rayonne parmi les participantes et leur donne assez de confiance en soi pour exécuter des pasos en duo au milieu d’un cercle de regards. Lors de la grande soirée flamenca de l’auditorium du Thor en fin de festival, on a retrouvé en première partie la fascinante Rosa Negra dansant sur la voix de Luis de la Carrasca et la guitare de José Luis Dominguez. Cette jeune danseuse à la chevelure d’un noir intense possède l’intraduisible duende flamenco, quelque chose comme son âme incarnée ! En deuxième partie de cette mémorable soirée, le violoncelliste gitan Yardani Torres Maini nous a offert sa Santa Misa Romani, une œuvre polyphonique d’une grande rareté, au carrefour du pur flamenco et de la musique contemporaine. Une rencontre surprenante entre un violon, une voix soliste, une guitare, un violoncelle et l’ensemble vocal Musicatreize, sous la direction de Roland Hayrabedian.

La chapelle Saint-Symphorien de Caumont-sur-Durance est un passage obligé du Festival, pour cette édition, une autre rencontre musicale nous y attendait. Trois guitares venues de trois mondes : celle flamenca de Pierre Louyriac, celle manouche de Symon Savignoni et la guitare classique de Pierre Bernon D’Ambrosio. Un moment suspendu un peu comme si Paco de Lucia, Django Reinhardt et Narciso Yepes jouaient ensemble !

Avec Te vienes ? le danseur et chorégraphe Antonio Prujo accompagné de Miguel Calatayud (guitare) Yolanda Almodovar (chant) et Marc Croft (violon), nous offert une chorégraphie surprenante et inspirée qui reprend tout le vocabulaire flamenco mais dans un phrasé très personnel. Son style l’emporte sur la convention et il pousse son art à l’extrême. Avec puissance et élégance, il emprunte autant au pasos de la corrida, parfois avec muleta (la cape), qu’au défilé de haute couture masculine. En final, Yolanda Almodovar nous a gratifié d’un sublime Naci en Alamo sur un timbre cristallin à faire frémir.

Tout cela n’étant qu’un aperçu de la richesse de ce festival qui ne cesse de grandir en durée et qualité.

À l’année prochaine ! Hasta el año que viene !

Jean-Pierre Haddad

Festival Andalou : https://lefestivalandalou.com/

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