Jacques Weber a eu l’envie d’un spectacle à son image, gourmand de grands textes, de théâtre et de poésie, et de musique. Ayant eu l’occasion de rencontrer un accordéoniste réputé, Pascal Contet, et un harmoniciste, Greg Zlap, qui fut longtemps l’accompagnateur de Johnny Hallyday, il leur a proposé de l’accompagner dans cette aventure. Et le spectacle était sur les rails.
Ce ne sont pas des musiciens qui accompagnent un acteur, ce sont trois amis qui se régalent sur la scène et nous entraînent en toute liberté dans un monde d’illusions. Les deux musiciens improvisent, se répondent, s’affrontent ou se font complices. Greg Zlap bondit, tape des pieds pour marquer la cadence, l’harmonica se fait ballade ou gigue, sautille ou tient le son comme s’il ne devait plus y avoir de fin. Jacques Weber invite des grands noms du théâtre, de la littérature et de la poésie, classiques ou modernes. Tom Stoppard introduit Edmond Rostand, Claudel ricoche sur la Bretagne et Le nuage en pantalon de Maïakowski avant que les matins bretons se lèvent sur un texte de Jacques Weber. La colère contre l’injustice du monde est au rendez-vous avec Le coupeur d’eau de Marguerite Duras ou se déploie en sarcasmes avec la lettre de Frida Khalo racontant son désastreux voyage à Paris en 1939 et écrasant de sa rage « ce vieux cafard de Breton ». Le rire s’installe avec ce champion du jeu avec les mots qu’est Devos avant de se terminer avec le déluge verbal d’Antonin Artaud.
Il invite dans la conversation Sarah Bernhard ou Louis Jouvet, « dévoile ce que le spectateur ne voit pas au théâtre », n’hésite pas à parler des vers ratés de nos grands auteurs, à décortiquer un vers de Racine ou, gestes à l’appui, un poème de Victor Hugo.
La complicité du comédien avec les deux musiciens est totale. Tantôt c’est la parole qui est en majesté, tantôt ce sont les musiciens et souvent les trois s’écoutent et se répondent. Au rythme des musiciens répond celui de la parole du comédien et réciproquement.
Un joli moment de théâtre, intelligent, chaleureux et souvent très drôle.
Micheline Rousselet
Du 8 mars au 16 mars et du 11 au 30 avril au Théâtre La Scala, 13 bd de Strasbourg, 75010 Paris – du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h – Réservations : 01 40 03 44 30 ou www.lascala-paris.com
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