Théâtre : Waynak

Les plus vieux d’entre nous avaient rêvé d’un monde sans guerre. Pourtant elle était toujours là, mais plus loin. Et puis maintenant elle n’est plus loin, juste de l’autre côté de la Méditerranée. Les horreurs de la guerre s’invitent sur nos écrans à l’heure du dîner avec leur lot de combats, bombardements, destructions et douleurs des victimes. Les bateaux apportent des réfugiés que nous ne pouvons plus feindre de ne pas voir, la méditerranée n’est plus seulement le lieu des vacances de rêve, elle charrie des corps de naufragés, des morts qui avaient tenté de fuir combats et destructions. Comment en parler à des adolescents ?

Théâtre : Waynak
Théâtre : Waynak

Annabelle Sergent, autrice, actrice et metteuse en scène s’est associée à Catherine Verlaguet pour écrire Waynak (où es-tu ? en arabe syrien), une pièce ancrée dans le réel et nourrie de la parole d’adolescents primo-arrivants, mais aussi de celle d’auteurs exilés et de journalistes. Lili et Naji, 12 et 13 ans, se croisent dans un bus, se retrouvent plus tard au collège et au contact de Naji, Lili découvre la réalité de la guerre, comprend que pour sauver ses enfants on peut les pousser à partir, à tout quitter, à les lancer sur les chemins de l’exil. Au départ dit-elle il parlait de marcher, je pensais promenade, il parlait de mer, je pensais crème solaire et maillot de bain, il parlait de barque, je pensais croisière. Elle passe de la méfiance et de la peur aux jeux partagés et à la confiance qui s’installe peu à peu. Ce téléphone greffé à sa main, que Naji n’abandonne jamais, elle va comprendre ce qu’il signifie quand peu à peu il lui révélera son histoire.

La mise en scène d’Annabelle Sergent fait la part belle à l’imaginaire du spectateur. Un ponton de bois sombre semble faire le lien entre l’ailleurs d’où vient Naji, de l’autre côté de la mer et le monde où il est arrivé. Mais on peut aussi se protéger en se glissant dessous. Au sol des granules noires renvoient la lumière et deviennent terrain de jeu et de confidences. Une sorte de monolithe sur le côté de la scène accueille des vidéos porteuses de mots fantômes, à la fois trace de la langue de l’exilé, l’arabe, mais aussi des images brouillées par des dessins d’enfants que l’on imagine être des images de la guerre, celles qui sont sur le portable de Naji et que Lili découvre quand elle lui arrache son portable. Les jeunes acteurs, Laure Catherin et Benoît Seguin sont extrêmement justes. Il a la gravité de l’enfant dont on pressent qu’il a vu et vécu ce qu’il n’aurait pas dû connaître, qui oscille entre responsabilité et envie de vivre. Elle a l’insouciance de la jeune adolescente d’un pays développé éloigné des conflits. Pourtant cette rencontre la transformera et elle pourra dire « les exilés, quand tu les croises je crois que tu le deviens, toi aussi, exilé, de ta propre tranquillité ».

Micheline Rousselet

Horaires variables en soirées et en matinées jusqu’au 21 novembre

Théâtre Dunois

7 rue Louise Weiss, 75013 Paris

Réservations : 01 45 84 72 00

Quelques dates de tournée : 2 et 3 décembre au Péambule à Ligné (44), le 5 et le 6 décembre au Carré d’Argent à Pontchâteau (44), le 9 et le 10 décembre à L’Espace de Retz à Machecoul (44), les 30,31 janvier et 1er février au Théâtre Le Massalia à Marseille, les 6 et 7 février au Théâtre, Scène nationale de Saint Nazaire. D’autres dates à chercher sur le site de la compagnie www.cieloba.org

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