Théâtre : Votre maman

Dans une maison de retraite un fils vient rendre visite à sa mère. Il se fait presque toujours interpeller par le directeur « Votre maman… » qui annonce qu’elle a fait quelque chose qui ne devait pas être fait et il se trouve prié de la sermonner. Mais que peut-on faire quand votre maman vous reconnaît parfois, mais pas toujours, ou même vous confond avec le directeur ? Et puis elle a peut-être ses raisons qu’il faudrait entendre.

Tout commence sur un mode cocasse. Le directeur s’enferme dans le sérieux du gestionnaire qui ne saurait supporter les incartades d’une vieille dame qui sème le désordre dans son établissement. Face à lui le fils argue de son impuissance et cherche avec douceur et amour à comprendre ce qui se cache derrière l’absurde apparent. Tout cela avance cahin-caha dans un climat, où le loufoque le dispute à l’incompréhension, jusqu’au moment où le directeur annonce au fils que sa maman a disparu.

Théâtre : Votre maman
Théâtre : Votre maman

Comme sait si bien le faire Jean-Claude Grumberg, on glisse d’un début où le rire l’emporte à l’émotion finale. En dépit de son Alzheimer, cette maman raisonne et son raisonnement désarçonne tout le monde. Elle sort du cadre. Les dialogues entre le fils et le directeur, évoquant parfois des textes de Raymond Devos, sont tout aussi savoureux, chacun campant sur ses raisons. Mais le rire finira par se lézarder.

Dans un beau décor où se dressent les arbres du Parc, les trois acteurs se détachent et dialoguent. Le metteur en scène Charles Tordjman a choisi trois acteurs magnifiques. Philippe Fretun est le directeur, gestionnaire de caricature, seulement préoccupé des coûts et du personnel qu’il faudrait engager si tous les pensionnaires se comportait comme cette vieille dame. Face à lui Bruno Putzulu se place aux côtés de sa mère, tente d’arranger les choses, accepte ses bizarreries avec douceur jusqu’au moment où le directeur lui annonce qu’elle a disparu. Catherine Hiegel est merveilleuse en vieille dame déterminée, même si elle a perdu la tête. Elle fait rire par son obstination à rester dans la chaise roulante, à laquelle elle n’a pas droit puisqu’elle est valide. On ne sait plus si on peut encore rire quand elle attend son fils qu’elle ne reconnaît plus. Elle devient bouleversante à la fin lorsque Jean-Claude Grumberg nous emmène en quelques mots de l’autre côté de l’histoire.

Tout cela est délicat, drôle et tendre et pourtant tragique au fond.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 16h. Relâches les 29 avril, 7 mai, 13, 14, 15 et 21 juin

Théâtre de l’Atelier

1 place Charles Dullin, 75018 Paris

Réservations : 01 46 06 49 24

Se réclamer du Snes et de cet article : demande de partenariat Réduc’snes en cours

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