Oser dire son désir, l’identifier sous les injonctions sociales et familiales, voilà ce dont parle ce spectacle et on peut dire qu’il tombe à pic en ces temps où s’y ajoutent des injonctions sanitaires et politiques qui viennent entraver nos désirs et notre envie de bonheur.

Léonie vient de fêter ses soixante-dix ans. Tout le monde est parti, la maison est rangée et Léonie réalise qu’elle a toujours dit oui, fait ce qu’on attendait d’elle, écouté les autres car elle pensait qu’ils savaient mieux qu’elle. Il est peut-être temps de s’écouter un peu, de résister à ceux, sa fille surtout, qui lui dit d’aller voir le médecin, que se mettre à la danse classique à son âge c’est ridicule, qu’elle écoute la radio trop fort, etc. Elle affirme haut et fort qu’elle préfère « mourir vivante que vivre morte » et ses petits-enfants vont eux aussi tenter de se libérer des chemins qu’on leur a tracés et qui ne sont pas leurs choix.

Le metteur en scène Olivier Letellier poursuit ici sa collaboration avec l’autrice Catherine Verlaguet, pour qui elle avait adapté Oh boy, spectacle pour jeune public qui avait reçu le Molière jeune public en 2010. Il a en outre associé au projet dès le départ un chorégraphe, Sylvère Lamotte, un compositeur Mikael Plunian et les interprètes qui ont, par leur corps, leur phrasé, leur réflexion et leur gestuelle fait évoluer l’histoire. Voici donc qu’arrive Léonie (Geneviève de Kermabon) traînant derrière elle un lustre allumé comme autant de désirs prêts à s’élancer et qu’entravent toutes sortes d’objections. Autour d’elle six interprètes, acteurs et danseurs dressent avec leurs mots et leurs gestes un petit catalogue des peurs, peur des regards, des jugements des autres, peur de ne pas être comme les autres, peur de s’afficher, de s’engager. En se libérant Léonie libère les jeunes adultes et les adolescents qui l’entourent. Ils dansent, se jettent dans des sauts et des équilibres qui signent leur énergie à s’inventer et à oser. C’est énergique et entreprenant, poétique et beau.

Ce spectacle est destiné au jeune public et il a été diffusé en direct. 400 classes étaient inscrites, Si on y ajoute les centres de loisirs, les centres sociaux, les enfants hospitalisés à l’Hôpital Necker, c’est plus de 4000 enfants qui ont pu le voir. Et pour Olivier Letellier ce public a droit à un spectacle de qualité faisant appel à des langages pluriels et à des artistes de qualité. Pari réussi pour ce spectacle plein de grâce et d’énergie.

Micheline Rousselet

Théâtre de la Ville-Les Abbesses filmé et diffusé en direct les 26 et 27 février – Tournée prévue (Foix, Auch, Douai, Valle) suspendue en raison du confinement 

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