Ne vous attendez pas à un digest de l’œuvre de Dostoïevski. Déjà Emmanuel Vérité n’a pas le look, avec sa chemise hawaïenne et ses grosses bagues à chaque doigt. Il voulait apporter sur la scène de la joie et du réconfort en cette période de morosité et on lui a proposé un auteur, pas vraiment réconfortant et qui en plus souffre « d’espilepsie ».

Le ton est donné. On va être dans un spectacle loufoque, burlesque, jubilatoire et pourtant Dostoïevski est bien là. Après une introduction sur la condamnation au bagne, en route pour les deux œuvres majeures de l’auteur : Crime et châtiment et Les frères Karamazov. Le comédien demande qu’on lui mette de la musique qui fait peur, on est dans une ambiance à la Hitchcock, car après tout cette histoire ressemble à un thriller. Il lit le début de Crime et châtiment et commente « on sent tout de suite que ça va mal finir » et « avec un nom pareil (Raskolnikov) on se doute qu’il va faire quelque chose de pénible ». Il est sur la scène du crime et chuchote à Raskolnikov « ne fais pas ça ! ». Il y aura donc un résumé, très personnel, du roman, la lecture d’extraits, et surtout une théâtralisation de l’ensemble avec l’usage de petits bouchons qui se muent en personnages ! Il convoque une spectatrice pour la scène du crime, comme pour une reconstitution, et la remercie de sa participation avec des bonbons. Il se transforme en Inspecteur Colombo car il y a bien un inspecteur de police dans le roman, Porfiri Petrovitch, qui pose des questions propres à déstabiliser le coupable et puis « c’est plus facile aujourd’hui de trouver un gars qui a vu un épisode de Colombo qu’un type qui a lu Dostoïevski ! ». Il offre à toute la salle un petit verre de vodka pour trinquer et pour l’ambiance car « en Russie les plus gentils sont les plus ivrognes ! ». Il saute ensuite aux Frères Karamazov, et à leurs noms dans lesquels on se perd, avant de terminer sur la chanson de Gainsbourg l’herbe tendre, avec l’accent de Michel Simon.

On se régale de ce mélange d’admiration et de dérision. On rit beaucoup et on redemande encore un peu de cette folie signée Benoît Lambert et Emmanuel Vérité.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 29 novembre au Théâtre du Lucernaire – 53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris – Réservations : 01 45 44 57 34 – Attention, nouveaux horaires COVID : du mardi au vendredi à 19h, le samedi et le dimanche à 15h30

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