François Morel s’est associé à Gérard Mordillat et à son complice de toujours Antoine Sahler pour écrire l’histoire de Yves-Marie Le Guilvinec, marin mort noyé à trente ans, que François Morel aurait découvert par un carnet de chansons et des lettres trouvées dans un vide-grenier en Bretagne. Cent-vingt-deux ans après sa mort il convenait de rendre hommage à ce poète disparu que la renommée, cette reine de l’injustice, a laissé dans l’ombre la plus noire. C’est Romain Lemire, en alternance avec Gérard Mordillat, qui va nous livrer une conférence sur la vie d’Yves-Marie, non sans mal vu les diverses interruptions. Celle de François Morel qui tend à garder la parole quand il l’a prise ou celle d’Antoine Sahler dans une démonstration de gymnastique suédoise. Ainsi va, cahin-caha, la vie de ce poète méconnu, au sein d’une Bretagne traditionnelle, avec son cortège de morts en mer, qui évolue vers la modernité.

François Morel, avec ses deux comparses, Antoine Sahler et Romain Lemire, nous embarque dans cette histoire qu’ils assaisonnent à leur sauce, faisant de La Cancalaise de Le Guilvinec la concurrente de La Paimpolaise de Théodore Botrel dans « une affaire Dreyfus de café-concert » ! N’hésitant pas à passer de l’autrefois à l’aujourd’hui, à faire une incursion en linguistique (!), à comparer Yves-Marie Le Guilvinec à Kafka et à en faire l’inspirateur de certaines chansons de Léo Ferré, sur fond d’images anciennes et de chansons de marins, ils nous emmènent dans un univers poétique et loufoque.

Vêtu d’un pantalon et d’une veste de travail bleue, quand il ne se transforme pas en vieille Bretonne en sabots toute de noir vêtue, François Morel est en grande forme. Il faut le voir en vieille mère effondrée, tentant de convaincre son fils, Antoine Sahler en petit moussaillon têtu, de ne pas partir en mer. Accompagné par Antoine Sahler au piano, au trombone et à l’accordéon, Amos Mah à la guitare et au violoncelle et Muriel Gastebois aux percussions, qui n’hésitent pas à faire des incursions hors de la musique, François Morel entonne les chansons de marins mais pas seulement !

Les moments joyeux alternent avec les moments plus mélancoliques, le comique (comme les paroles revisitées de Avec le temps de Léo Ferré) avec le sérieux (une chanson n’hésite pas à rappeler que « lorsqu’un homme tombe à la mer, on lui tend la main et on ne lui demande pas ses papiers »). Si tous les marins sont des chanteurs comme François Morel, on est prêt à embarquer dès demain avec eux.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 3 juillet au Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin Roosevelt, 75008 Paris – du 17 au 29 mai à 18h30 / du 31 mai au 3 juillet à 21h / les dimanches à 15h / Relâche les lundis, le 26 mai, le 5 et le 12 juin – Réservations : theatredurondpoint.fr ou 01 44 95 98 21

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