Sous le regard tour à tour malicieux ou grave de Mattéo, le serviteur du peintre, on assiste à la confrontation de Michel-Ange et du pape Jules II qui lui a commandé de peindre à vingt mètres au dessus du sol, la voûte de la Chapelle Sixtine.

Entre le pape guerrier qui aura « plus souvent posé ses fesses sur un cheval que sur son trône de chef de l’église» et le peintre artiste indocile, ce sera, de querelles en menaces et moments de fraternelle complicité, l’histoire d’une amitié qui aura au final offert au monde le chef-d’œuvre de l’histoire de l’art qu’on sait.

Théâtre : Michel-Ange et les fesses de Dieu
Théâtre : Michel-Ange et les fesses de Dieu

Jean-Philippe Noël, un nouveau venu sur la liste de nos jeunes auteurs de théâtre, réussit avec « Michel-Ange et les fesses de Dieu » qui est sa première pièce, un vrai coup de maître dont on peut affirmer sans prendre de risques sur l’avenir qu’il ne sera pas le dernier.

Avec l’amour et le soin qu’il porte à ses personnages, une écriture ciselée aussi douce qu’incisive mais toujours efficace, la gradation subtile de la montée dramatique de sa pièce, il a écrit un des plus beaux textes, un des plus originaux aussi, qu’on puisse entendre cette saison sur le plateau d’un théâtre parisien.

Si le titre pouvait paraître à priori à demi engageant, on sait dès les premières répliques que ce qui attend le spectateur est un moment de pur théâtre.

Un plaisir qui ne se dément à aucun moment par la suite et qui ne cesse de grandir au fur et à mesure des deux heures de la représentation.

L’évolution des personnages et des situations relance l’intérêt de cette suite de confrontations tour à tour drôles, tendues ou explosives, mais toujours savoureuses et tenues de main ferme par une mise en scène «au cordeau».

On rit ou on est ému par les espiègleries ou la gravité du jeu de Mattéo, serviteur-sacrifié -flamboyant, interprété avec superbe par un Jean-Paul Comart qu’on retrouve avec tant de plaisir.

On est impressionné par cette sorte d’ogre sorti d’un conte tout en tendresse contenue et fragilité souterraine que nous livre un François Siener magistral.

Jean-Paul Bordes (également metteur en scène inspiré du spectacle) joue sa partition d’artiste tourmenté avec maestria, dans une tonalité entre le caprice, la blessure et l’émotion.

Il émane de ce spectacle une générosité qui se débusque jusque dans les moments où les personnages s’opposent, où les situations entrent dans une phase critique et douloureuse de leurs relations. Et la voûte de la Chapelle, bien que naturellement absente du décor, existe au-dessus de nos têtes comme le fruit de l’imagination de chacun de nous.

Quel beau et brillant spectacle qui fait honneur au théâtre et vient s’ajouter aux réussites de la saison qui se sont surtout portées sur ce qu’on appelle les «petites salles», le Théâtre 14 complètement requinqué, l’Artistic-Athévains, le Petit Montparnasse ou le Lucernaire pour ne citer qu’eux…

Francis Dubois

Théâtre 14, 20 Avenue Marc Sangnier 75 014 Paris.

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 45 45 49 77


Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu