Est-ce parce qu’il est le petit-fils d’un dirigeant des jeunesses hitlériennes que Ferdinand Von Schirach, auteur criminaliste à succès, s’intéresse tant à la question de la responsabilité ? Terreur, paru en 2017, est le procès-fiction de Lars Koch, un pilote de chasse qui a abattu un avion de ligne, tuant ainsi ses 164 passagers, en dépit des ordres qu’il avait reçus. L’avion avait été détourné par un terroriste, qui menaçait de le faire tomber sur le stade de Munich où étaient rassemblés pour un match 70 000 spectateurs.
La Compagnie Hercub’ propose un vrai procès, qu’il dit inspiré d’un fait réel, ce qu’il n’est pas ! Mais le spectateur hésite. Le Président, Michel Burstin, accueille le public en lui expliquant qu’il est dans la position des jurés et sera appelé à voter à la fin. Avec Bruno Rochette qui interprète aussi l’avocat de l’accusé et Sylvie Rolland, la procureure, il assure la mise en scène. Sur le plateau un vrai tribunal se met en place, avec Président, accusée, procureure, avocat, huissier, témoins et même un dessinateur de presse qui montrera son dessin à la fin.
Au gré des témoignages et des plaidoiries, le public se trouve poussé à examiner les arguments des uns et des autres, hésite, change de position. Pourquoi les responsables politiques ont-ils fui leur responsabilité en ordonnant au pilote de ne pas abattre l’avion alors que les tirs de sommation étaient restés sans effets ? Pourquoi le pilote s’est-il trouvé aussi seul ? Si le terroriste avait atteint son objectif les 164 seraient morts de toute façon et il y en aurait eu beaucoup plus. Mais peut-être que les passagers auraient pu réussir à neutraliser le terroriste ?
Les metteurs en scène ont choisi de féminiser le rôle du pilote, devenue Laura Koch. Céline Martin-Sisteron lui donne une retenue et une gravité dignes. La distribution des rôles contribue à rebattre les idées sur le genre des métiers. Le procureur que l’on imagine tout disposé à punir est une femme, Sylvie Rolland, et l’avocat un homme, Bruno Rochette. Tous les acteurs sont très convaincants. Le public prend son rôle de juré au sérieux, ne perd pas une miette des débats et vote à la fin. Que vote-t-il ? Pour le savoir faîtes l’expérience en allant voir la pièce. C’est passionnant !
Micheline Rousselet
Du 7 au 29 juillet au Théâtre 11 à Avignon – Réservations : 04 84 51 20 10
En septembre 2021 au Théâtre de Belleville – En janvier 2022 à La Rue des Arts à Villecresnes (94) et à l’Espace Sorano à Vincennes – Hors les murs et petites formes : 11 juin à la Médiathèque d’Alfortville, 12 juin à la Médiathèque de Chennevières (94)
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