Auteur, compositeur, metteur en scène et comédien, Pierre Notte a eu mille vies liées au théâtre et est aujourd’hui auteur associé au Théâtre du Rond-Point. S’il ne joue pas dans Sur les cendres en avant , il a écrit le texte et la musique et l’a mis en scène.
Tout part en vrille dans la vie de ces quatre femmes perdues. Madame Rose a mis le feu à son appartement. La cloison avec l’appartement voisin s’est effondrée la condamnant à cohabiter avec sa voisine Macha, plutôt dans la dèche, qui se prostitue pour subvenir aux besoins de sa petite sœur Nina, qui rêve de danser à Broadway mais pour l’heure se déplace avec une béquille ! La cohabitation n’est pas facile et voici que survient une femme armée d’un fusil (à moins que ce ne soit une carabine, nouvel objet de débat) qui prétend régler son compte à Macha qu’elle accuse d’avoir détourné son forain de mari du foyer conjugal.
Une histoire improbable que Pierre Notte a choisi de raconter sous la forme d’une pièce de théâtre entièrement chantée, comme l’étaient au cinéma Les parapluies de Cherbourg . Une histoire où tout est dédramatisé par l’humour ou l’absurde, Nina qui ne veut pas boire son lait parce qu’il vient de Normandie et qu’il y a eu trop de jeunes hommes morts dans ces prés pendant la guerre, le plafond qui s’effondre davantage mais on ne le voit pas parce que « la production n’a pas les moyens et compte sur l’imagination du spectateur ». Une histoire loufoque, un joyeux méli-mélo où se cachent dans un sourire les références, Demy bien sûr, Tchekhov pour les vies qu’on regrette et les prénoms des héroïnes, mais aussi Copi pour la femme assise.
Sur la scène deux espaces se côtoient, l’un normal avec une table et des chaises où évoluent Macha et sa fille, l’autre où tout est de guingois depuis l’incendie, placards en déséquilibre, table qui n’a plus que deux pieds et seul élément stable, une chaise que la femme assise, Madame Rosa, refuse de quitter.
Des paroles du quotidien aux confidences, des inquiétudes aux insultes, des espoirs aux menaces, tout est chanté. Seule exception, très rare, une voix off place l’histoire ou la fait avancer et Pierre Notte, farceur, a confié cette tâche à la chanteuse Nicole Croisille ! Les quatre comédiennes et chanteuses sont accompagnées par une pianiste, Donia Berriri, que l’on ne voit que de dos. Aussi bonnes comédiennes que chanteuses, elles réussissent à chanter tout en n’oubliant pas de jouer. Blanche Leleu est une Macha toute en blondeur, sensible, aimante, agacée parfois par sa fille et souvent par sa voisine, qui essaie de s’en sortir comme elle peut. Elsa Rozenknop est Nina sa fille qui rêve de Broadway, s’exalte et se révolte contre sa mère comme n’importe quelle adolescente. Juliette Coulon est la dame armée, plutôt maladroite avec sa carabine et Charlotte Marquardt est Mademoiselle Rose qui va enfin sortir de sa solitude. Toutes quatre sont émouvantes et drôles.
S’il faut rajouter une raison pour vous encourager à courir au Rond-Point c’est que Sur les cendres en avant est une pièce délicieusement féministe. Il n’y a pas d’homme dans cette histoire, mais elles vont décider de s’en sortir ensembles et grandies, en unissant leurs talents… et en chantant.
Micheline Rousselet
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 44 95 98 21
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