Guillaume Vincent a associé au Songe d’une nuit d’été de Shakespeare des extraits des Métamorphoses d’Ovide, d’une part dit-il parce que les références au texte d’Ovide sont nombreuses dans Le s onge, en particulier à travers la pièce Pyrame et Thisbé que montent les artisans, mais surtout parce que le théâtre, et spécialement Le songe , permet au spectateur d’échapper à la réalité et ouvre la porte à l’imaginaire et à la féerie.
Revisitant certaines des Métamorphoses , la première partie est conçue comme un prologue au Songe , presque aussi long que lui. Elle nous éloigne du réel et nous encourage à réveiller notre imagination. Parfois, comme dans la dernière scène, on glisse du réel – la rébellion d’une femme battue par son mari – aux M étamorphoses , l’histoire de Procné qui ourdit une vengeance terrible contre son mari qui a violé sa sœur et lui a ensuite coupé la langue pour qu’elle ne parle pas. Ces Métamorphoses sont conçues comme une trajectoire de théâtre, qui commence à l’école primaire où jouent des enfants, se poursuit au lycée où jouent des adolescents et s’achève en ode au théâtre amateur. Guillaume Vincent y joue de son expérience qui l’a conduit à animer des ateliers de théâtre dans des établissements scolaires et en prison.
Dès ce début on est dans le fantasme et dans le mélange des genres, qui va s’épanouir avec Le songe . Les querelles du monde des fées entrent en collision avec celles des humains dont les amours sont malmenés par le Prince tandis que les artisans s’efforcent de mettre en place la pièce qu’ils joueront pour le mariage du Prince. Les questions de mise en scène qu’ils se posent, très réelles, sont abordées de façon bouffonne comme le voulait Shakespeare.
Le metteur en scène a exacerbé la violence des rapports amoureux. Le désir de l’être aimé est tout aussi cru que le rejet de celui qui aime mais n’est pas ou n’est plus aimé. Guillaume Vincent a utilisé la fougue et la vivacité de jeunes tout juste sortis d’écoles de théâtre pour incarner le quatuor amoureux. Ils apportent une fièvre du « je t’aime, moi non plus » qui donne le frisson. On passe des larmes au rire comme le voulait Shakespeare. On s’échappe dans la féerie avec un Puck qui passe de scène en scène, glissant sur un tapis de paillettes d’or, en s’amusant de ces pauvres mortels qu’un peu de poudre magique suffit à rendre éperdument amoureux ou à se déprendre. Les dialogues en vers de Puck s’adressant à son maître Obéron laissent place à une langue plus relâchée, lorsqu’il interpelle le public. La musique se mêle au théâtre. L’opéra de Benjamin Britten rencontre Purcell et même les Beatles. Titania et Obéron sont d’ailleurs interprétées par deux comédiennes-chanteuses.
C’est une belle déclaration d’amour au théâtre que l’on peut lire à plusieurs degrés, du plus simple au plus savant, que nous propose Guillaume Vincent.
Micheline Rousselet
Du mardi au samedi à 19h30, le dimanche à 15h
Théâtre de l’Odéon
Ateliers Berthier
1 rue André Suarès, 75017 Paris
Réservations : 01 44 85 40 40
Se réclamer du Snes et de cet article : demande de partenariat Réduc’snes en cours
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu