culture/theatre

Harwan, étudiant en sociologie de l’imaginaire à Montréal, termine sa thèse sur « le cadre comme espace imaginaire dans les solos de Robert Lepage », le grand metteur en scène québécois. S’il a choisi ce sujet ce n’est pas par amour du théâtre, mais par intérêt pour la question de l’identité. Juste avant son départ pour Saint-Pétersbourg, où il doit rencontrer le metteur en scène, il apprend que son père est dans le coma. Une succession d’événements l’amène à se pencher sur lui-même, sur sa relation à son père, à travers le chef-d’œuvre de Rembrandt,  »Le retour du fils prodigue », sur son rapport à son pays et à sa langue d’origine.
Wajdi Mouawad a choisi ce solo, qu’il a créé en 2008, pour donner aux spectateurs du théâtre de la Colline dont il est désormais le directeur, l’occasion de faire connaissance avec lui. Après le quatuor intitulé Le sang des promesses, il s’est attelé à l’écriture d’un nouveau cycle Domestique. Comme il faut bien commencer, c’est à lui-même qu’il s’est attaché avec Seuls. Suivront Sœur (déjà en tournée), Frères, Père et Mère. L’histoire oscille entre fiction et autobiographie. Comme lui Harwan est Libanais, vit à Montréal et admire Robert Lepage. Harwan s’interroge sur son identité, son rapport au père et aux traditions familiales. Que reste-t-il du pays d’où l’on vient, de sa langue maternelle, l’arabe, quand on a pris l’habitude de penser en québécois ? Comment rassembler tous ces moi et donner un sens à sa vie ? « Comment on fait pour voir qu’on est en train de rater sa vie ? Après c’est facile, mais pendant ? ». Comment concilier ce que l’on est devenu avec ses rêves d’enfant ?
Wajdi Mouawad met en scène et interprète ce solo où deux parties se détachent.

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Une première partie s’attache à la banalité du quotidien, avec vivacité et humour. On est avec lui dans les affres de la recherche d’une conclusion à sa thèse, dans ses tentatives pour accrocher un Robert Lepage toujours en mouvement, tout en tentant de satisfaire les habitudes d’un père attaché aux traditions familiales. L’acteur apparaît en slip noir dans une petite chambre avec un lit en fer, un ordinateur posé à terre, une table encombrée d’une valise et de cartons et un téléphone, très important cet appareil qui sonne pour amener la voix du père ou de la sœur, qui sonne même quand il n’est pas branché ! Une image vidéo crée un double d’Harwan qui bouge près de lui comme un écho hors de la chambre, une image de son inconscient, de ses désirs cachés ou un rêve.
La seconde partie, poétique et onirique, nous entraîne loin du quotidien. A la fin l’acteur se transforme en performer, se couvre de peinture ainsi que tout ce qui l’entoure, comme s’il tentait de retrouver le petit garçon qu’il fut, qui peignait sans se lasser des ciels étoilés et rêvait d’être une étoile filante.
Pour construire le lien entre ces deux parties le metteur en scène et la dramaturge Charlotte Farcet ont pensé qu’il leur fallait cesser de travailler uniquement sur les mots pour trouver une polyphonie, où les mots, les vidéos, les sons, la musique, la lumière, le silence s’entrelaceraient pour faire sens. On peut juger excessivement longue la séquence finale avec la peinture mais on l’oublie car c’est une œuvre très personnelle et pleine d’émotion que nous offre Wajdi Mouawad.
Micheline Rousselet

Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30, le dimanche à 15h30
Théâtre National de la Colline
15 rue Malte-Brun, 75020 Paris
Réservations
(partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 44 62 52 52

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