Solal Bouloudnine avait « six ans onze mois et vingt jours » quand Michel Berger est mort terrassé par une crise cardiaque après une partie de tennis dans sa villa de Ramatuelle. L’enfant passait ses vacances dans sa famille dans une maison voisine. « C’est ce jour-là que je suis sorti de l’enfance, que j’ai réalisé que tout pouvait finir, la vie, l’amour, les week-end » dit-il. Depuis il soigne son angoisse maladive de la mort sur les scènes avec, entre autres, ce spectacle qu’il a écrit et qui porte le nom d’une des plus belles chansons de Michel Berger.

Depuis l’enfance Solal Bouloudnine répétait qu’il voulait « faire des spectacles ». Son père chirurgien aurait préféré que, à l’instar de ses frères, il suive le chemin de la médecine. Mais il a tenu bon et est devenu comédien. À l’École Régionale d’acteurs de Cannes, outre Baptiste Amann pour qui il a souvent joué, il a rencontré ceux avec qui il a travaillé ce spectacle, Maxime Mikolajczak et Olivier Veillon.

Pour éviter la fin, et la mort qui l’accompagne, il décide de jouer la fin au début, puis le début au milieu et enfin le milieu à la fin comme cela pas de mort, et peut-être que s’il enlève le filet, Michel Berger ne mourra pas. Cela paraît un peu foutraque, mais on s’y retrouve très bien. Dans un décor évoquant une chambre d’enfant fort désordonnée le comédien se lance. Mêlant adresse au public et souvenirs, il fait vivre une galerie de personnages pittoresques. Il change de voix, d’accent, enfile une perruque, devient le père « chirurgien du mou » qui ne cesse d’interroger ses patients pour savoir s’ils « vont bien à la selle et s’ils ont des gaz », sa mère qui l’appelle dix fois par jour et dont il dit « j’ai mis vingt ans à comprendre que j’avais une mère juive », le coach de football, la bouchère bourguignonne – enfin celle-là il la fait en accéléré car le temps passe ! Des extraits de chanson de Michel Berger arrivent soudain apportant une note d’humour ou d’émotion.

Il nous livre des bribes de son histoire et nous balade à un rythme d’enfer. Il est lucide, moqueur, touchant et tellement drôle !

Micheline Rousselet

Jusqu’au 30 janvier au Monfort, 106 rue Brancion, 75015 Paris – du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30 – Réservations:01 56 08 33 38/lemonfort.fr

En tournée ensuite : 1 et 2 février au Théâtre National de Nice, 3 février à la Scène 55 à Mougins, 4 février au Forum Jacques Prévert à Carros, du 8 au 18 février au Théâtre 13 à Paris, plus d’autres dates jusqu’en mai

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