Théâtre : Rumeur et petits jours

Ils sont cinq chroniqueurs autour d’une table, chacun devant un micro, réunis pour leur 547ème émission, qui sera aussi la dernière car la chaîne a décidé la fin de leur programme jugé trop ambitieux. L’harmonie du groupe déjà un peu fragilisée, va s’estomper et les individualités vont s’affronter. À travers leurs discussions, ce sont tous les mécanismes internes d’un groupe qu’interroge le Raoul Collectif, comme la codécision, les désaccords, la recherche de l’unanimité, les rivalités, le recours au vote, les alliances passagères, l’entraide ou la prise de pouvoir.

Théâtre : Rumeur et petits jours
Théâtre : Rumeur et petits jours

Cette compagnie belge, où tous sont à la fois metteurs en scène, auteurs et acteurs, a fait sienne la phrase du metteur en scène Arnaud Meunier ( la saga des Lehman Brothers ) : « Le but du théâtre n’est plus de conscientiser les masses, mais plutôt d’interroger l’individu notamment dans son rapport au collectif ». Dans une société qui sublime l’individu et prétend que c’est la réussite individuelle qu’il faut viser car elle nous rend plus libres, le Raoul Collectif s’attache au groupe, à ses échecs et à ses réussites. Il affirme que ce n’est pas tant l’individualisme qui a terrassé le groupe que certains groupes qui ont promu cette idéologie pour prendre le pouvoir, entre autres la Société du Mont Pèlerin où se sont illustrés moult prix Nobel d’économie, libéraux et libertariens inspirateurs de Margaret Thatcher.

Mais la façon dont le Collectif fait passer ses idées sur ce qui ne va pas dans notre monde n’a rien d’austère. Nous sommes entre Le masque et la plume et une AG. Ils s’apostrophent, débattent sur la responsabilité individuelle et collective ou sur la façon de prononcer un mot, s’énervent de ne pas arriver à convaincre, se mettent en colère et cassent le matériel avant de se remettre autour de la table. Certains profitent des intermèdes pour dire du mal des absents ou affirment qu’ils ne peuvent plus travailler ensemble. Comme dans les AG, il y en a un qui fait de temps à autre une synthèse, personne n’y comprend plus rien, mais on dit que c’est brillant ! C’est généralement très drôle et intelligent, parfois un peu brouillon comme le travail d’un groupe qui avance avec une multitude d’idées, parfois un peu long. Le travail collectif du groupe laisse même place à l’improvisation sur scène avec une géniale TINA (There is no alternative) fille de Margaret Thatcher invitant le public à lui poser des questions et répondant avec un aplomb surprenant. Le public les suit avec un plaisir évident dans leurs délires. Ils ont admirablement réussi l’alliance improbable du rire et de la réflexion politique.

Micheline Rousselet

Du 2 au 25 novembre à 21h, relâche les 6, 12, 13 et 20 novembre

Théâtre de la Bastille

76 rue de la Roquette, 75011 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 57 42 14

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