5h50 du matin : trois jeunes gens partent pour une session de surf. Lors de leur retour, leur fourgonnette a un accident. Simon, transporté à l’hôpital est déclaré en état de mort cérébrale. On suit alors le médecin, les parents prévenus, à qui on demande s’ils acceptent le don d’organes, puis le parcours du cœur jusqu’au lendemain où, à 5h49, un choc électrique dans une autre salle d’opération le fait battre à nouveau mais dans un autre corps. Vingt-quatre heures de la vie d’un cœur et du bouleversement de la vie de ceux qui l’entourent.

Théâtre : réparer les vivants
Théâtre : réparer les vivants

Réparer les vivants , le très beau roman de Maylis de Kerangal, publié en 2014, a connu un énorme succès et remporté de nombreux prix littéraires. Le titre s’inspirait d’une phrase de Tchekhov dans Platonov « Enterrer les morts, réparer les vivants ». Après le deuil peut revenir l’espoir de la vie. De ce sujet grave, la mort d’un jeune homme et la transplantation de son cœur dans un autre corps, elle avait fait une élégie où la mort croisait la vie, où le chagrin croisait la beauté du monde, où les médecins n’oubliaient pas leurs émotions d’homme dans la froideur des gestes techniques.

Sylvain Maurice a légèrement réduit le texte et lui a donné une vie qui palpite sur la scène. Le récit des faits, avec la description d’une précision clinique des gestes médicaux, alterne avec les dialogues et les pensées intimes des personnages. On passe du vocabulaire technique des jeunes surfeurs à celui des médecins. On suit les hésitations, les revirements des parents, leur refus d’accepter la mort de leur enfant, alors qu’il n’est ni froid, ni immobile comme, pensent-ils, devrait l’être un mort, leur sentiment de culpabilité pour ne pas avoir pu empêcher cette mort, leur décision enfin. Sur scène le texte dit par Vincent Dissez alterne avec la musique jouée par Joachim Latarjet placé au-dessus de lui sur une estrade métallique. Sa musique est tantôt caressante, tantôt stridente, les riffs de guitare succèdent à la plainte du saxo. Sur la scène noire l’acteur se déplace sur un tapis de training qui accélère ou ralentit au fil du récit. Les lumières signées par Éric Soyer sculptent son visage qui émerge de l’obscurité ou le hachent en effets stroboscopiques dans le choc de l’accident, l’urgence des interventions et le retour de la vie. Vincent Dissez a la position des surfeurs lorsqu’ils prennent la vague, court dans l’urgence du voyage du cœur, parle avec la froideur du chirurgien concentré sur son intervention ou avec l’émotion de l’infirmier qui reçoit les parents. L’émotion s’empare du cœur des spectateurs. Il est magnifique.

Micheline Rousselet

Le lundi et le jeudi à 19h30, le mardi et le vendredi à 20h30, le samedi à 18h

Théâtre de Sartrouville

Place Jacques Brel

78500 Sartrouville

Réservations : 01 30 86 77 79

Se réclamer du Snes et de cet article : demande de partenariat Réduc’snes en cours

En tournée ensuite : du 8 au 17 avril au théâtre Paris-Villette, du 27 au 29 avril à La Comédie de Béthune


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