Vincent est en Troisième. Il a quatorze ans et demi, se trouve un physique d’endive, est intelligent et bon élève, mais nul en sport, ce qui lui vaut les sarcasmes du prof de gym et des autres élèves, en particulier de Tom le beau gosse de la classe. Dans la cour du collège les garçons passent leur temps à se traiter de « pédé » et «de tapette ». Heureusement il y a sa copine Myriam et son copain Aziz, qui se demande quand Vincent va se décider à embrasser Myriam. Lorsque arrive dans la classe un nouvel élève Cédric, Vincent se sent très attiré par lui.

Le metteur en scène Yann Dacosta a souhaité porter au théâtre le texte du roman de Thomas Gornet qui fait entendre avec beaucoup de sensibilité, de justesse et d’humour la parole d’un adolescent. Entre peur d’aller au cours d’éducation physique, honte de se déshabiller dans les vestiaires, difficulté à accepter les changements de son corps d’adolescent et à faire face au harcèlement des autres élèves, incapacité de parler de ses problèmes à sa famille et à ses copains, Vincent, en dépit de l’amitié protectrice de Myriam, est seul. Au terme d’une année cruelle, il aura pris conscience de ce que d’autres soupçonnaient depuis longtemps, son homosexualité.

C’est le dessinateur de bandes dessinées Hugues Barthe qui nous introduit dans le monde du collège et des adolescents. Le fond de la scène, par la magie de ses traits en noir et blanc, devient cour du collège animée par des silhouettes d’élèves qui discutent, gymnase, autobus qui mène au collège ou portraits de famille ou de copains ou de Vincent tentant une nouvelle coiffure. Quand la couleur s’invitera, elle sera joyeuse, signant la fin du calvaire du collège et la porte ouverte vers le lycée pour un adolescent qui s’accepte. C’est une superbe idée.

Le texte alterne des monologues, où Vincent livre ses pensées, et des dialogues avec Myriam, Aziz ou Cédric. Le collège est là avec la principale ou la conseillère d’orientation. Si le prof de sport ou Tom n’apparaissent pas, leur voix nous parvient.

Théâtre : Qui suis-je
Théâtre : Qui suis-je

Côme Thieulin arrive à faire exister toute la gamme des sentiments qui animent Vincent. Sa silhouette encore proche de l’adolescence, sac de classe sur le dos, l’aide à nous faire entrer dans son mal-être, son désir d’être mieux accepté, son absence d’illusions sur les qualités de ses congénères, ses réactions contradictoires entre les moments où il s’insurge contre le harcèlement et ceux où il se sent coupable de n’être pas comme les autres. Il a la rage, la tendresse, la fragilité de cet adolescent intelligent qui connaît son premier chagrin d’amour et prend conscience de qui il est. Théo Costa-Marini et Manon Thorel incarnent les autres personnages de façon très convaincante.

Comment parler avec des adolescents du désir amoureux, de ces moments d’indécision où on ne se sent pas comme la majorité des autres et où les sarcasmes blessent d’autant plus que l’on n’est pas sûr de soi ? Cette pièce est de celle qu’on aurait voulu voir quand on avait l’âge du héros et c’est une belle réussite.

Micheline Rousselet

10 avril : Le Sillon, Petite Couronne (76)

12 et 13 avril ; L’Etincelle, Théâtre ville de Rouen (76)

17 et 18 avril : Dieppe Scène Nationale (76)

6 au 27 juillet à 14h40 : 11-Gilgamesh-Belleville, 11 boulevard Raspail, 84000 Avignon


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