La comédienne et réalisatrice, ancien pilier des Deschiens, Yolande Moreau, et le chanteur Christian Olivier, qui composait et écrivait les chansons du groupe Les têtes raides avant de se lancer dans une carrière en solo, se sont rencontrés à l’occasion d’une exposition des collages de Prévert. Il avait mis en musique des poèmes de Prévert, elle a dit des extraits de textes. Ils ont eu envie de faire partager leur amour du poète avec ce qu’il y a dans ses textes de rires et de provocations, d’humour et de révolte, d’engagement politique et d’humanité. Ils ont eu envie de poursuivre l’aventure et les voilà ensembles sur la scène.
Accompagnés de trois musiciens ils alternent poèmes, aphorismes, extraits de textes et chansons dont, à part Les feuilles mortes , Christian Olivier a réécrit la musique. La mise en scène sobre joue de l’ombre et de la lumière. Un trompettiste se détache en ombre chinoise, à l’avant de la scène, un portrait de Jacques Prévert s’affiche rapidement. Tantôt debout, tantôt assis les deux comédiens disent les poèmes ou les chantent, faisant naître deux univers différents qui se conjuguent. La voix volontairement neutre laissant passer une pointe d’accent belge, Yolande Moreau met toute sa sensibilité au service des textes. Inquiétante et révoltée quand elle dit le poème « Bandit, voyou, chenapan, c’est la chasse à l’enfant », désopilante quand elle affiche un ton calme et posé pour des poèmes à l’humour très noir tel Adrien, fais pas ta mauvaise tête, reviens, un poème peu connu de Prévert, ironique et provocatrice dans son interprétation de Je suis comme je suis. Dans la dénonciation de la guerre, Christian Olivier livre de sa voix grave une version qui émeut aux larmes de Barbara. A u calme et à la présence décalée et troublante de Yolande Moreau, il oppose son dynamisme. Sa voix, sa gestuelle d’ancien chanteur de rock fait ressortir toute la musicalité des textes de Prévert. Leur duo fait merveille dans Les feuilles mortes , il commence, elle le suit dans un murmure, il reprend, ils se rejoignent et c’est très beau.
C’est un bel hommage qu’ils offrent au poète engagé que fut Prévert, dénonçant les profiteurs, l’exploitation des ouvriers, la misère et toutes les formes de pouvoir. « On ne peut tout de même pas tout leur prendre aux pauvres » ou « Quand les éboueurs font la grève, les orduriers sont indignés ». Ces mots du poète ne trouveraient-ils pas un écho dans la rue aujourd’hui ?
Micheline Rousselet
Du mardi au dimanche à 18h30, relâche les lundis
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 44 95 98 21
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